Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires de la Région Pays de la Loire
Préambule :
Pour débuter cette note, il nous faut contextualiser rapidement l’élaboration du Sraddet.
Elle a débuté en décembre 2016, avec les consultations des EPCI, des départements et des acteurs experts notamment, sur chacune des thématiques que nous verrons plus bas.
Élément important à noter : en 2016 et encore quelques années après, le projet de construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes était toujours d’actualité. L’exécutif national n’avait pas encore tranché sur son maintien ou non, au vu des oppositions et contestations de l’époque. Pièce maîtresse pour la Région en ce qui concerne les politiques de déplacement et d’ouverture, l’annulation de la construction de l’aéroport a forcé les élus locaux à revoir le document. La Région a donc demandé un délai supplémentaire à l’État pour sa réécriture. Cela ne fera d’ailleurs pas l’objet de sanctions, d’autres régions étant également en retard sur la date butoir prévue pour Juillet 2019.
La crise sanitaire a également ralenti l’élaboration du Sraddet et ce n’est finalement qu’à la session du 16 et 17 décembre 2021 que le Conseil Régional le votera. La Région Pays de la Loire est la dernière région de France à l’avoir adopté.
Introduction
Définition du Sraddet :
« Il tient son origine de l’article 10 de la loi NOTRe promulguée en août 2015 qui modifie le Code général des collectivités territoriales et introduit l’élaboration du Sraddet parmi les attributions de la région en matière d’aménagement du territoire.
Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires. C’est un document de planification territoriale qui a un rôle stratégique (prescriptivité, intégration des schémas sectoriels, co-construction) et renforce la place de l’institution régionale, invitée à formuler une vision politique de ses priorités en matière d’aménagement du territoire.
Il fixe des objectifs à moyen et long termes en lien avec plusieurs thématiques : équilibre et égalité des territoires, implantation des différentes infrastructures d’intérêt régional, gestion de l’espace, intermodalité et développement des transports, lutte contre le changement climatique…
Il se substitue à de nombreux schémas sectoriels traitant des mêmes thématique.
Par ailleurs, c’est un document normatif « adapté » car il s’impose aux document locaux d’urbanisme (ScoT ou PLU, Plans communaux, Plans de déplacements urbains, PCAET et chartes de parcs naturels régionaux), dans un rapport de prise en compte, alors que ces documents doivent être compatibles (et donc s’adapter si ça n’est pas le cas) aux règles générales du SRADDET.
Son élaboration est confié au conseil régional qui l’adopte par délibération. Il nécessite un contrôle, pour modification si nécessaire, et d’une validation du préfet de région. Sa création procède d’une concertation en amont avec les services de l’État, les principales collectivités concernées1. »
Plus concrètement, le Sraddet se divise en deux documents majeurs :
– Le rapport, qui fait une synthèse de l’état des lieux de la région, propose une stratégie par thématique ainsi que les objectifs à atteindre.
– Le fascicule de règles. Ces règles sont transversales et s’appliquent à plusieurs objectifs qui peuvent être dans des thématiques différentes.
Ces deux documents traitent de trois grandes thématiques : l’aménagement et l’égalité des territoires, les transports et mobilités et la protection de l’environnement.
Le rapport commence avec un état des lieux économique et écologique de la région. Nous pouvons saluer la qualité de ce travail, car il est précis, très bien documenté et critique de la situation régionale, tant sur les points forts que sur les points à travailler. De cet état des lieux, et pour chaque thématique, sont dégagés des enjeux concrets.
Si sur la plupart des points, notamment l’étalement urbain ou les mobilités, les angles d’actions proposés sont cohérents, il faut noter un point d’analyse qui manque de logique. Il est indiqué qu’il faut favoriser le renouvellement urbain sur les zones denses pour limiter la consommation de terres agricoles ou naturelles. Cependant le document propose le maintien des dynamiques d’attractivité des trois pôles urbains que sont Nantes, Saint-Nazaire et Angers ou des zones littorales. Or ce n’est pas sur ces zones qu’il faut travailler l’attractivité, ces zones le sont déjà, mais bien sur le reste du territoire où il est encore possible de densifier sans porter atteinte à notre environnement.
Plus généralement il reste une très bonne base de départ pour déterminer la stratégie, les objectifs et les règles du Sraddet. C’est à partir de ce moment que les défauts des documents se révèlent.
La note se fera de façon suivante. Chaque grande thématique sera présentée succinctement et nous en ferons une critique non exhaustive.
I Aménagement et égalité des territoires
Le Sraddet tend vers une zéro artificialisation nette des sols d’ici à 2050, les objectifs qui concernent l’aménagement du territoire sont donc orientés dans cette direction.
Plus concrètement cette thématique traite principalement des zones urbanisées : les villes ou le littoral habité.
A l’échelle de la région, il est préconisé de conforter un maillage fin des polarités, c’est-à-dire avoir des pôles d’attractivité un peu partout sur le territoire pour éviter les déséquilibres importants et l’effet aspirateur. Deux exemples à la clé : « conforter les centres-bourgs en aidant l’implantation et le maintien des offres de services » et « améliorer l’accès aux réseaux de transport et développer les modes de déplacements les plus adaptés ». Il encourage également les coopérations entre territoires urbains et ruraux.
Au sein des villes, sur l’ensemble du territoire, le Sraddet vise une création de 24 000 nouveaux logements d’ici 2030 via la réhabilitation et la reconquête des friches, incluant la volonté d’assurer la mixité des logements et de s’adapter aux besoins locaux.
Il souhaite aussi limiter le développement des zones commerciales en périphérie.
Par ailleurs, le rapport ambitionne de développer le principe d’urbanisme qui préserve la santé avec l’aménagement de zones publiques aérées et végétalisées. Un autre objectif va dans ce sens avec le renforcement de l’accès aux soins de premiers recours (médecins généralistes) notamment dans les zones déficitaires.
Il est préconisé, plus généralement, de maintenir une présence effective des services du quotidien.
Concernant les zones littorales, le Sraddet propose de concilier la préservation des espaces naturels et le développement économique et urbain. Cela passe par exemple par l’anticipation et la gestion des conflits d’usages ainsi que la question de l’accessibilité et des modalités d’accès. Il est aussi question de la gestion de la fréquentation touristique.
Enfin, les documents se penchent sur les zones rurales et agricoles.
Les objectifs traitant du sujet sont exclusivement orientés vers la protection des terres agricoles. Que ce soit en limitant la consommation de foncier dans les zones périurbaines ou par l’implantation de panneaux photovoltaïques à même le sol.
Critique :
Nous pouvons noter plusieurs critiques :
– L’absence de méthode :
Le premier point qui semble manquer de cohérence est la volonté de densifier et la volonté d’ « aérer » les zones urbaines. Il y a ici un véritable conflit entre ces objectifs. Les deux objectifs, pris individuellement sont pourtant important pour le développement futur de nos villes mais, à aucun moment dans le document, il n’est proposée de méthode permettant de concilier les deux.
Le deuxième point concerne la revitalisation des centres bourgs et la volonté de lutter contre l’effet aspirateur. Nous noterons d’ailleurs une nouvelle opposition avec l’objectif de renforcement des pôles de l’armature urbaine régionale. Mais ce qui fait défaut ici, ce sont les moyens précis pour que les centres-bourgs retrouvent une attractivité réelle. Il est proposé d’aider à l’implantation et le maintien d’offres de service ou, une valorisation du cadre de vie mais rien de précis sur comment atteindre ces objectifs.
Il est donc possible d’imaginer que l’application est laissée libre pour plus de flexibilité pour les collectivités territoriales. En prenant en compte ce paramètre, le Sraddet ne répond alors pas aux deux interrogations qui suivent : l’application effective de l’objectif par les communes et, les moyens, financiers notamment, pour y arriver.
– Le manque de vision d’avenir
En matière d’aménagement du territoire, deux points semblent manquer d’ambition.
→ A l’échelle du territoire des PDL, le document a choisi le modèle d’accroissement démographique le plus rapide de l’INSEE, qui prévoit une augmentation nette de la population de + 800 000 personnes d’ici à 2050 soit +20,6 % depuis 2014. Or le rapport objective une production de 24 000 nouveaux logements à l’horizon 2030. En admettant 4 habitants par nouveaux logements, cela ne fait que 96 000 nouvelles « places » par rapport à l’immobilier habitable existant2. Nous sommes loin du compte ! Il y a ici, soit un problème de méthode – le modèle de développement démographique de l’Insee choisi, n’est pas le bon – soit un problème d’ambition grave.
La région, du fait de l’écart considérable entre l’offre et la demande de logements, va être confrontée à des difficultés majeures pour loger sa population. Par voie de conséquence, le marché de l’immobilier va se tendre sur l’ensemble du territoire, principalement sur les zones attractives comme les villes et les zones côtières. Les prix risquent d’exploser, excluant ainsi les populations les moins aisées d’un accès au logement près des zones d’activités. Il est possible d’imaginer que le territoire régional dans son ensemble devienne inaccessible à une frange entière de sa population.
La future crise du logement qui se dessine aura aussi un impact sur l’économie de la collectivité. En effet, la région était en 2e position en matière de croissance entre 2010 et 2015 (+7%), cette croissance nécessite de nouveaux emplois et donc de nouveaux travailleurs. Le déficit de logement entraînera une pénurie de travailleurs pour les entreprises qui, à terme, ne chercheront plus à investir le territoire. C’est donc la santé économique de la région qui est aussi ici en jeu et qui n’est pas anticipée par le rapport.
→ Le second point concerne la gestion du littoral.
Le document prévoit une « anticipation des besoins fonciers nécessaire à la préservation des activités économiques ». Il n’est cependant pas fait mention des logements de manière générale ni des résidences secondaires et des problématiques qu’elles entraînent si elles sont présentes en très grand nombre, ce qui est le cas dans certaines communes.
Par ailleurs, le Sraddet reconnaît l’effet de saisonnalité inhérent à ce type de territoires. Plutôt que de lutter contre, il préfère s’y adapter en prenant en compte le tourisme et sa volonté de mieux en maîtriser la fréquentation. Cependant cette maîtrise n’a pas vocation à modifier le volume de touristes mais plutôt à proposer de nouvelles infrastructures de déplacements pour accéder au littoral, en proposant des alternatives à la voiture.
Ces deux points combinés risquent d’accentuer l’effet de saisonnalité des territoires et donc d’avoir un impact négatif sur leurs pérennités structurelles. En effet, les littoraux seront saturés en périodes estivales, connaissant un déficit de logements pour les touristes et les travailleurs. En période creuse, toutes les infrastructures prévues pour accueillir les touristes seront inutiles, les services et commerces locaux risquent de fermer leurs portes à cause d’une trop faible activité.
Par ailleurs, durant l’été, l’afflux de population et l’augmentation de l’activité humaine n’est pas sans conséquences négatives sur les écosystèmes, qu’ils soient marins ou terrestres.
Nous pouvons imaginer trois arbitrages possibles à ce sujet, dont deux envisageables :
– Favoriser au maximum le tourisme sans prendre en compte les autres enjeux (logements, activités en période creuse, environnement…).
– Limiter l’afflux de touristes et faire en sorte que l’activité locale soit relativement égale tout au long de l’année.
– Limiter fortement l’accès au littoral pour en préserver la biodiversité.
Le rapport décide de faire consensus à ce sujet en prévoyant de « prendre en compte les enjeux environnementaux et prévenir les conflits d’usages ». Si à l’instant présent, ce statu quo n’a pas ou peu de conséquences supplémentaires à celles déjà existantes, l’absence de solutions concrètes aux problèmes soulevés plus haut, ces derniers sont d’autant plus susceptibles de se réaliser à moyen terme.
II Transports et mobilités
Cette thématique, plus brève, mobilise tous les leviers disponibles de la mobilité, dans le cadre des compétences de la Région.
Nous noterons trois axes principaux :
– Développer les transports collectifs routiers et ferrés intra-régional pour atteindre une part modale de 12 % en 2030 et 15 % en 2050. Cela passera par une adaptation de l’offre ainsi que la simplification de la billetterie et de la tarification. Le document prévoit également le développement de lignes structurantes de cars dans les zones peu denses, avec pour objectif leur désenclavement et donc leur dépendance à la voiture. Il est donc question d’améliorer de manière générale les infrastructures de transports collectifs. Enfin, la Région souhaite développer également, la part modale du covoiturage à 7 % horizon 2050 et du vélo 12 % en 2030 et 15 % en 2050.
– Faciliter l’intermodalité via un développement des pôles d’échanges multimodaux. Il est surtout question ici, d’améliorer la coordination entre les structures organisatrices des mobilités et non d’éventuelle construction de nouvelles infrastructures.
Il évoque enfin la volonté de reporter le transport du fret routier vers le ferroviaire et fluviale.
– Assurer les connexions de la région avec le national et l’international.
La relocalisation de l’aéroport de Nantes est toujours envisagée, s’il était amené à saturer.
Sur ce sujet, le document prévoit principalement de pérenniser et de développer les connexions qui relient les PDL à la région parisienne. Que cela soit par voie routière mais principalement ferroviaire.
Critiques :
Globalement cette partie est plutôt cohérente, avec des objectifs chiffrés et propose des solutions opérationnelles. Le document affiche une vraie volonté de lutter contre l’autosolisme de manière générale et, active beaucoup de leviers pour cela : développement des modes actifs, des transports en commun, développement des outils numériques sur le territoire tout en souhaitant favoriser le télétravail ou le développement d’espaces de coworking. Le travail sur les infrastructures existantes est aussi prévu et une meilleure coordination des services en facilitera l’utilisation.
Nous pouvons relever deux éléments contestables tout de même :
– Il n’est pas question de la création de nouvelles infrastructures favorisant l’emploi d’autres moyens que la voiture. C’est probablement laissé à la charge des collectivités territoriales mais, il n’est indiqué nul part du volume nécessaire et important pour un report modal effectif. Pire, il est prévu de renforcer les connexions routières vers l’extérieur ou du moins de les améliorer. Ces améliorations maintiendront l’utilisation de la voiture comme moyen de transport principal, au moins pour atteindre un pôle régional.
– L’autre point concerne les connexions extra-régionales ferroviaires. Le Sraddet oriente l’ensemble des améliorations de ces connexions exclusivement vers la région parisienne. Il n’est fait mention à aucun moment d’une augmentation des liens entre les régions voisines, que ce soit la Bretagne, l’Aquitaine ou la Normandie. Plus généralement, il a assez peu de volonté politique d’un renforcement des connexions inter-régionales excepté vers Paris. Cela pose nécessairement la question des coopérations entre les territoires, qui n’est d’ailleurs envisagée nulle part dans le document.
III Transition environnementale (eau, protection de la biodiversité).
Plusieurs thématiques sont développées dans cette partie, avec des enjeux et des ambitions variables.
Nous en retiendrons deux en particulier :
Protection de l’environnement via la protection de la ressource eau, la préservation des espaces naturels et les travaux sur la qualité de l’air, notamment dans les aires urbaines.
L’objectif affiché en ce qui concerne l’eau est d’en faire un enjeu central régional. Le document prévoit deux angles d’action : la préserver la qualité de l’eau avec 61 % des masses d’eau en bon état sur le bassin Loire-Bretagne à l’horizon 2027 et que 100 % des zones de captages d’eau3 soient protégées par un périmètre de sécurité. La région souhaite établir un lien avec la filière agricole notamment sur l’utilisation et la gestion des intrants (engrais, pesticides…).
Le second angle est quantitatif. Il est question de faciliter les systèmes d’infiltration des eaux pluviales dans les sols, notamment via une dés-artificialisation des sols et la lutte contre l’étalement urbain. Enfin, il s’agit aussi d’avoir une utilisation de l’eau de façon « raisonnée et durable ».
A propos de la protection des espaces naturels, beaucoup d’axes de développement sont proposés par le Sraddet. Il y a d’abord une volonté de montée en compétences quant à la localisation des espaces naturels, leur protection et la protection de leur continuité. Enfin, il est question de développer les pratiques agricoles favorables à la biodiversité et la qualité de l’eau.
Plus généralement, l’objectif est de mieux saisir l’enjeu en lui-même et de mettre en état de fonctionnement les services qui y sont liés.
Enfin, sur la qualité de l’air, l’objectif est de réduire l’exposition de la population, notamment les plus fragiles, à tous les polluants lié à cet élément, à l’horizon 2030. Cela comprend le dioxyde de souffre -77 %, les oxydes d’azote -69 %, les composés organiques volatiles -52 %, ammoniac -13 % et les particules fines -57 %.
Consommation d’énergie et émission de CO2.
La transition environnementale prévue par le rapport est transversale et, s’articule autour de deux axes principaux, chacun d’eux ayant des objectifs chiffrés et pour horizon 2030 et 2050.
La consommation d’énergie d’abord. Les secteurs visés principaux sont : le bâtiment, les transports, l’agriculture et l’industrie. Nous ne détaillerons pas tous les chiffres proposés par le Sraddet mais, il propose une clé de lecture intéressante qui est celle de la consommation d’énergie totale (tous secteurs confondus), ramenée au nombre d’habitants de la région. A noter que l’objectif de réduction de la consommation énergétique date de 2012, année de référence pour le rapport.
Ainsi en 2021, 21 135 Kwh par habitant ont été consommé. C’est 19 % de moins que par rapport à 2012 (le chiffre de 2012 n’est pas précisé dans le document). L’objectif à l’horizon 2030 est de 16 509 Kwh par habitant soit – 37 % par rapport à 2012 et celui de 2050 de 10 370 soit – 60 %.
Mêmes secteurs et même mécanique en ce qui concerne les émissions de GES avec également, 2012 en année de référence. L’unité de référence ici est la tonne équivalent carbone(TeqCO2).
En 2012 en PDL 10 TeqCO2 étaient émises par habitant. En 2021 ce sont 7 TeqCO2 qui étaient émises soit – 25 %. Les objectifs 2030 et 2050 sont, respectivement 5 et 2 TeqCO2 soit -47 % et -84 % par rapport à 2012.
Bien sûr, ces objectifs ne sont pas de vœux pieux et le rapport prévoit des moyens pour les atteindre.
C’est-à-dire, accompagner la création de nouveaux logements mieux isolés et, donc moins énergivores et la rénovation du bâti ancien. Réduire les consommations énergétiques et d’émissions de GES en matière de transport (évoqué plus haut).
Enfin, il s’agit principalement de sensibiliser et de favoriser les bonnes pratiques écologiques dans le secteur productif.
Deux autres thématiques sont abordées que nous ne développerons pas ici : « devenir une région à énergie positive » c’est-à-dire développer les énergies renouvelables.
L’autre est la gestion des déchets et l’économie circulaire. Notons cependant la méthode proposée par le Sraddet à ce propos. Elle se découpe en trois axes : « développer le réemploi », « encourager la réutilisation » et « promouvoir le tri, le recyclage et la valorisation globale des déchets produits ». La gestion de tous les types de déchets est anticipée avec des objectifs chiffrés pour leur réduction, leur réemploi et leur traitement en bout de chaîne. L’idée étant de réduire les déchets produits, de favoriser les échanges entre secteurs d’activité : les déchets de certains deviennent des ressources pour d’autres et à terme cela limitera l’enfouissement ou l’incinération. Enfin, de mettre en place un circuit régional d’échange des déchets pour les utiliser au maximum, limitant ainsi l’utilisation de nouvelles matières premières, souvent nocive pour l’environnement au moment de la production (extraction de sable pour le béton par exemple).
Critiques :
Comme pour les autres thématiques, plusieurs critiques sont à soulever.
Des positives d’abord :
– L’enjeu de la ressource eau est central dans le rapport du Sraddet et il est transversal à plusieurs objectifs du document. C’est très positif au vu du caractère indispensable de la ressource tant en terme de quantité, c’est à dire en limiter l’utilisation excessive, qu’en terme de qualité. L’intérêt de préserver la qualité de l’eau est multiple, pour les consommateurs finaux, pour l’agriculture et aussi et surtout, pour l’environnement. Enfin, si les zones de captages sont protégées comme ce qui est prévu, la nécessité d’un traitement par des infrastructures publiques sera réduite, de fait, entraînant une plus grande longévité de ces infrastructures.
– La seconde observation positive concerne la gestion des déchets. Même s’il n’y a pas de plan très précis sur comment atteindre les objectifs chiffrés (nous pouvons déjà souligner leur existence), la méthode proposée est positive. Le but final de créer une économie circulaire plus importante favorisant le réemploi, la réutilisation et une meilleure gestion globale des déchets est tout à fait louable.
Des critiques négatives ensuite :
– La première et la plus importante est l’absence totale de réglementation concernant l’utilisation des intrants agricoles et plus précisément des pesticides de synthèse. Leur nocivité tant sur le plan écologique que sur le plan de la santé humaine n’est plus à démontrer. En limiter leur utilisation avec, à terme leur arrêt complet était envisageable (la région Bretagne l’a fait). L’explication à cette frilosité est la volonté de garder le système agricole productiviste dans lequel nous sommes. C’est probablement d’abord par conviction que ce système est maintenu et ensuite par peur des pressions et des conflits politiques qu’une telle modification n’est pas prévue. Il faut alors dénoncer le manque d’anticipation, les conséquences sur notre environnement ne se font déjà plus attendre et, l’adaptation de notre agriculture est plus que nécessaire.
– Dans la même thématique, nous noterons qu’il n’est absolument pas fait mention d’un éventuel soutien de la région dans le développement de l’agriculture biologique. C’est d’autant plus critiquable que l’état des lieux du document met en évidence une évolution du modèle vers plus de soutenabilité. Concrètement, ce sont 3300 exploitations agricoles biologiques ou en conversion sur le territoire. 30 % des exploitations agricoles en PDL ont un signe de qualité (label…). Là où, habituellement, le Sraddet accompagne les changements, le rapport ne propose pas d’encadrer l’évolution de ce modèle.
– Nous pouvons souligner la volonté affichée d’identifier et protéger les espaces naturels ainsi que de mobiliser tous les services concernés. Cependant, il s’agit de créer des espaces où il serait interdit de polluer et en parallèle, avoir des lieux où cela serait possible sans encadrement spécifique. A terme nous nous retrouverons en présence d’îlots « sains » entourés de pollution. L’efficacité de ce dispositif semble très limitée voire inutile.
– En ce qui concerne les émissions carbone, il y a une volonté effective de les réduire. Si tous les secteurs concernés par ce sujet sont développés par le rapport, avec des objectifs chiffrés et des dates butoirs, nous noterons qu’à propos des entreprises, pourtant les plus émettrices, l’angle d’action est basé sur la sensibilisation aux « bonnes pratiques ». Il n’y a d’ailleurs pas de définition de ces bonnes pratiques. Par conséquent, cela laisse le champs libre aux entreprises de faire comme elles le souhaitent, en espérant que la sensibilisation fonctionne, plutôt que de mettre en place un cadre légal contraignant.
Conclusion
Le Sraddet des Pays de la Loire, traite de trois thématiques principales : l’aménagement et l’égalité des territoires, les transports et les mobilités et enfin, la transition environnementale. Chacune de ces thématiques ayant leurs objectifs et les critiques que nous avons pu voir.
Globalement le rapport ainsi que son fascicule de règle sont des documents qualitatifs mais il est possible d’en fait plusieurs critiques, autant sur la forme que sur le fond. Ces critiques feront l’objet de cette conclusion.
A propos de la forme du document d’abord. Le Sraddet dans son ensemble est un document nécessairement très dense, au vu de son objectif de planification de la région. Le contexte et le cadre réglementaire dans lequel il s’inscrit est bien précisé et expliqué, démontrant ainsi son caractère majeur dans la planification et la gestion territoriale de la région PDL jusqu’à 2050.
Le rapport, partie principale du Sraddet, est clair et plutôt lisible, les informations sont relativement disponibles, même s’il est parfois nécessaire de jongler entre les différents documents pour s’y retrouver.
A noter également, les contextualisations de chaque objectif qui justifie les axes d’actions prévus ; celles-ci sont cohérentes et plutôt bien adaptées dans l’ensemble.
Le fascicule, second document le plus important, dont les règles peuvent s’appliquer à plusieurs thématiques. Il précise bien les objectifs ciblés, facilitant ainsi sa lisibilité.
Dans l’ensemble, le Sraddet est formellement qualitatif, plutôt accessible malgré sa densité et sa technicité ponctuelle. Cette accessibilité est une qualité indispensable pour la compréhension par tous, des enjeux abordés et des ambitions que propose l’exécutif régional.
Si le travail sur la forme du Sraddet est effectif, le travail sur le fond est contestable à de nombreux égards.
Premièrement, le choix des mots : il est systématiquement question « d’accompagner », «d’encourager» « conforter ». A aucun moment, que cela soit dans le rapport de manière générale, ou dans le fascicule de règles le Sraddet n’ « impose » ou n’ « oblige ». C’est un document planificateur qui à vocation à diriger et orienter les politiques futures de la région et donc, forcément, contraindre les documents inférieurs (SCoT, PLU…). Or, sa genèse s’est faite autour de ses documents et, il ressort que c’est à lui qui s’adapte plutôt que l’inverse. La volonté de laisser la liberté aux collectivités d’agir selon leurs besoins et leurs problématiques locales semble être le véritable objectif.
C’est préjudiciable à deux niveaux :
– L’expérience acquise par les villages, les villes et les métropoles en matière d’aménagement du territoire, aurait pu servir à créer un document précis, adapté à chaque territoire tout en autorisant une marge de manœuvre nécessaire et ponctuelle, pour pallier les spécificités locales. Plutôt que d’être une synthèse des autres documents, le Schéma n’est alors plus qu’un document vague et finalement peu utile pour les collectivités territoriales, y compris pour la Région.
– Le document perd, par conséquent, de sa substance, en oublie son caractère obligataire et fait le choix d’être consensuel. Il aurait été bénéfique de voir la Région être motrice sur les thématiques abordées. Elle choisit plutôt d’accompagner les changements sans vouloir les orienter. De fait, elle n’offre que des pistes d’évolutions, au lieu d’imposer des objectifs clairs, potentiellement chiffrés, avec un horizon défini. Au vu du contexte économique et climatique, se positionner nettement est pourtant indispensable.
Deuxièmement, d’un point de vue plus politique, nous pouvons noter la frilosité des élus pour accompagner les changements, plutôt que de les orienter ou de les diriger avec ambition. Ils ne se positionnent finalement qu’en techniciens, avec la volonté de faire consensus. La raison paraît évidente, l’exécutif veut éviter les conflits inhérents à l’imposition de règles contraignantes. Ces frictions feraient l’objet de polémiques, de débats et de négociations. Par conséquent, les ambitions proposées sont creuses et parfois hors sols. En définitive, c’est tout le processus démocratique qui a été évincé. De véritables échanges avec les collectivités et les habitants, plutôt qu’une simple consultation, auraient sûrement donné naissance à des propositions clivantes mais adaptées. Le Sraddet aurait alors été le fruit d’un processus démocratique abouti, conclut par une décision argumentée et orientée politiquement.
Il nous reste à évoquer une critique d’ordre générale pour analyser, du moins en partie, la qualité très relative du rapport.
En corrélation avec la volonté de faire consensus et de ne pas imposer de règles contraignantes, il semblerait que le discours du « laisser-faire » avec un minimum d’intervention par les institutions régulatrices a été parfaitement intégré. Ce discours issu de la doctrine libérale qui préconise que l’intervention de l’État ne se fasse que dans le cadre des compétences régaliennes (Police, Armée, Justice), est largement porté par la droite nationale. Il est finalement peu surprenant que cette doctrine soit appliquée dans une région, elle-même, traditionnellement de droite. Cela expliquerait les ambitions mitigées et peu contraignantes que proposées par le rapport.
Plus généralement, le Sraddet des Pays de la Loire comprend des éléments de qualité, avec une analyse approfondie de la réalité du territoire. Cependant, la réponse aux enjeux manque cruellement d’ambition et de conviction. C’est d’autant plus dommage que la Région est l’échelle la plus adaptée pour planifier une organisation territoriale pertinente, adaptée et cohérente aux spécificités locales.
1. Ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales 02/07/2019
2. 24 000 logements comprenant 4 personnes : 24 000×4=96 000
3Captage d’eau potable est un dispositif de prélèvement passif ou de pompage d’eau potable. Soit à partir d’une source, soit à partir d’une nappe d’eau souterraine ou de cours d’un cours d’eau ou de lac.
La 5ième génération de communication mobile ou 5G, se distingue des générations précédentes par son fonctionnement et un débit internet nettement plus rapide que celui de la 4G. Elle se différencie également dans son utilisation : l’objectif prévu pour la 5G est de connecter un maximum d’appareils électroniques en plus de ceux qui le sont déjà (téléphone, télévision, frigo…).
Cette nouvelle technologie fait déjà l’objet d’un vif débat au sein de notre société. Les soutiens de la 5G voient en elle une marque de progrès et potentiellement l’origine d’une révolution économique. Tandis que ses opposants alertent sur les conséquences négatives qu’elle pourrait avoir, notamment sur l’environnement.
Plus concrètement, qu’est-ce que la 5G ? Quels sont ses avantages ? Ses inconvénients ?
Cette note définira d’abord le fonctionnement technique de la 5G puis en donnera le contexte politique et sanitaire. Il y sera développé dans un second temps les avantages et nouveautés qu’apporte la 5G et, dans un troisième temps nous préciserons les limites de cette nouvelle technologie.
1. Définition et contexte de la 5G
1.1 Définition et fonctionnement :
Il s’agit de la 5ieme génération technologique de communication mobile. Son objectif est d’améliorer la vitesse, la couverture et la réactivité des réseaux internet sans fil. La capacité de la 5G est de 10 à 100 fois supérieures à celle de la 4G, pouvant même être plus rapide que le débit obtenu avec la fibre optique. En outre, la 5G réduirait considérablement la latence, c’est-à-dire le temps de réponse du réseau après une sollicitation d’un appareil (cliquer sur un lien, visioconférence, opération médicale à distance…).
La 5G fonctionne sur deux types de bandes passantes : les bandes sub-6 (fréquence inférieure à 6GHz) et les fréquences millimétriques supérieures à 26GHz. Le premier type a un débit plus lent mais une portée plus longue et inversement pour le deuxième type de bande passante. Plus concrètement, il faut des antennes 5G régulièrement pour pouvoir bénéficier des très hautes fréquences et d’un très haut débit.
En ce qui concerne son déploiement, la 5G cohabitera avec les anciens systèmes et notamment la 4G puis, à moyen terme et avec la mise en place d’antennes, elle sera déployée sur les bandes entre 3,4 et 3,8 GHz, à faible portée et de pénétration, tant des immeubles que des tissus humains mais qui constituent la « bande-cœur », là où elle sera le plus efficace.
1.2 Contexte politique du débat en France et à Nantes
Du 28 septembre au 1er octobre 2020, avaient lieu les enchères d’attribution les blocs de fréquences 5G. Le 15 septembre 2020, Emmanuel Macron annonçait que la France prendrait « le tournant de la 5G » au lendemain même de la publication d’une tribune de 70 élus de gauche dont les maires de 11 grandes villes (mais pas Johanna Rolland), qui demandait de patienter jusqu’à l’été 2021 et la tenue d’un débat décentralisé. Le Président de la République écarte également complètement sa promesse faite à la convention citoyenne pour le climat, qui demandait un moratoire sur la 5G, une des 146 mesures proposées que le Président de la République s’était engagé à prendre.
Enfin, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) qui pointe un manque important d’information sur les effets sanitaires que peut avoir la 5G, doit publier une étude à ce sujet, courant mars ou avril. Or, sans attendre les résultats de cette étude, le gouvernement a déjà lancé la mise en place de cette dernière.
Pour cela, il a lancé une consultation des acteurs sur sa « stratégie d’accélération » qui se décompose en 4 axes :
– Contribution à la compétitivité de l’économie française en développant les usages 5G au profit des territoires et de l’industrie (volet demande)
– Développer une offre française souveraine sur les réseaux télécoms (volet offre)
– Mise en œuvre d’une feuille de route R&D sur les futures technologies de réseaux (au-delà de la 5G, 6G…) (volet R&D)
– Renforcer l’offre de formation sur les futurs réseaux télécoms, et attirer les talents étrangers en France (volet formation)
Il n’est pas question ici d’une consultation démocratique mais d’une consultation technique. Tous les documents déposés permettront de cibler les investissements de l’exécutif à l’avenir en correspondance avec les 4 axes précités. Les acteurs qui peuvent déposer des dossiers concernant cet appel à manifestation d’intérêts sont : une entreprise ou un consortium d’entreprise, une collectivité territoriale ou locale, un laboratoire de recherche, une structure publique ou un organisme de formation.
C’est donc en faisant complètement abstraction du processus démocratique et de consultation des élus, que le gouvernement impose cette 5ieme génération de télécommunication. Si certains motifs pour la mise en place de la 5G sont acceptables, comme la souveraineté numérique nationale et européenne, la méthode, elle ne l’est pas.
Nantes, comme le reste du territoire français, voit ce sujet lui être imposé. L’approche de la 5G, se fait via un débat public sur un temps très court. Celui-ci a trois objectifs :
– La montée en compétences des citoyens sur ce sujet
– Des débats autour des thèmes à enjeux qui questionnent les nantais
– Une coconstruction de l’action publique sur l’aménagement numérique du territoire.
Ce débat sert donc à sensibiliser et éduquer les nantais·es et organiser le déploiement de la 5G, avec à terme, une mise à jour de la « charte relative aux modalités d’implantation des stations radioélectriques ».
Le choix de faire ces échanges sur le seul mois de mars, pour qu’il puisse y avoir un débat lors du Conseil Municipal de début avril, est potentiellement dommageable. Du fait de sa courte durée, il est difficile d’impliquer tous les habitants de Nantes en plus des parties y ayant un intérêt (économique…). Enfin c’est la possibilité d’afficher qu’un échange démocratique a été mis en place tout en imposant la 5G. Il sera possible de prolonger le dialogue dans les mois qui suivent, sur les enjeux qui apparaîtront comme prioritaires à la suite de ce débat. D’un point de vue purement démocratique, cela reste très juste, notamment en ce qui concerne l’implication des citoyens, mais c’est mieux que l’absence de consultation totale.
1.3 Contexte sanitaire
Avant d’évoquer les enjeux et les limites pratiques du déploiement de la 5G, il faut d’abord évoquer l’aspect santé de cette technologie, dont le fonctionnement se base sur des ondes électromagnétiques dites non-ionisantes.
Les rayons ionisants sont un type d’énergie libéré par les atomes sous forme d’ondes ou de particules. Nous sommes exposés naturellement à ce type de rayonnement via le sol, l’eau ou encore la végétation. Les rayons X et certains dispositifs médicaux en sont aussi la source. Ce n’est qu’une fois exposé à un niveau excessif qu’il est possible d’expérimenter des effets sanitaires aigus (brûlures cutanées, syndrome d’irradiation…).
Un rayonnement non-ionisant est un rayonnement dont l’énergie électromagnétique est insuffisante pour ioniser un atome (c’est-à-dire lui arracher un électron). Ce sont les rayonnements de la lumière visible, des micro-ondes et les ondes radio.
L’ICNIRP (International commission on non-ionizing radition protection) a identifié, en 1998, les seuils d’apparitions d’effets délétères aujourd’hui avérés sur la santé des ondes non-ionisantes : effets thermiques sur les tissus pour les expositions lointaines (antennes) et proches (terminaux ex : téléphone…). A partir de ces seuils, elle a fixé une marge de sécurité 50 fois inférieure à ces seuils d’apparition de symptômes néfastes ( la commission considère que l’augmentation d’1°C de la température corporelle est néfaste). Le champ électrique maximum admissible est alors plafonné à 61 Volt/m. Par ailleurs, la plupart des pays, dont la France, ont mis en place des seuils bien en deçà du seuil maximum admissible. Plus globalement, les résultats d’analyses de mesures concluent à un niveau médian, en France de 0,38 V/m. Le niveau des champs est un peu plus élevé en milieu urbain qu’en milieu rural, et plus élevé en extérieur qu’en intérieur.
Depuis 1998, aucun effet thermique néfaste chez l’homme n’a été démontré pour les dispositifs de téléphonie soumis aux règles européennes. S’agissant d’autres effets à court terme, l’existence d’effets biologiques ont été avérés sans que leurs impacts n’aient été néfastes.
En ce qui concerne les effets d’une exposition aux ondes électromagnétiques à long terme, l’ANSES, en 2013, concluait sur l’absence de preuve avérées pour les effets non cancérogènes que ce soit sur : le système nerveux, le développement in utero, ou encore le système cardio-vasculaire…
Le niveau de preuve a également été jugé insuffisant pour en ce qui concerne les effets cancérogènes.
Pour en revenir à la 5G, les mesures sont difficiles à effectuer. L’agence nationale des fréquences (ANFR) a quand même pu effectuer des mesures sur les zones tests, et mis en place de nouveaux indicateurs. De plus, l’ANFR est arrivée à un résultat maximum de 1 V/m avec l’utilisation de la 5G. Les résultats sont en concordance avec les données d’autres pays européens qui l’ont déjà mise en place.
Si aucun élément actuellement tend à prouver que l’exposition aux ondes électromagnétiques non-ionisantes peut être néfaste pour la santé, l’ANSES considère que « la 5G diffère suffisamment des autres générations de téléphonie, pour que d’autres études sur son impact soient effectuées ».
2. Les enjeux principaux de la 5G
2.1 C’est une réponse à l’accroissement des débits et des nouveaux usages
La 5G s’inscrit dans un processus continu d’amélioration de la téléphonie. Et comme ses voisins européens, la France fait face à une forte augmentation de la consommation de données mobiles : entre 2015 et 2019, le volume de données mobiles consommées a été multiplié par 10. Ces accroissements de la consommation, sont entièrement dus au déploiement de la 4G sur le territoire français dans les années 2010. Les tendances vont d’ailleurs vers encore plus de consommation de ces données mobiles.
La 5G permet alors de répondre à la demande actuelle croissante, donne une marge de manœuvre et de la visibilité quant à la demande future. En effet, à terme, le réseau 4G ne pourra plus supporter le volume d’informations sollicitées par nos smart phones et autres appareils connectés. Les opérateurs téléphoniques prévoient une saturation du réseau vers 2023. La 5G offre une alternative grâce à sa plus grande efficience en termes de débit et de réactivité : pour autant d’énergie consommée par une antenne 4G, l’antenne 5G transmettra jusqu’à 10 fois plus de données et plus rapidement. Parailleurs, contrairement à l’antenne 4G, quand une antenne 5G n’est pas sollicitée par un appareil à proximité, elle est mise en veille. Si elle reste malgré tout plus gourmande en énergie, la Chine a par exemple, décidé de couper ses antennes 5G pendant la nuit, pour réduire la consommation d’énergie liée à l’utilisation de ces antennes.
Outre sa capacité à répondre à la demande croissante en données mobiles des particuliers, la 5G va permettre le développement d’un grand nombre de technologies, dans tous les domaines.
Cette nouvelle génération de communication va améliorer techniquement des secteurs d’activités déjà existants : l’industrie du jeu vidéo, de la télévision à la mise en ligne de contenu sur Internet, que ce soit le streaming ou encore la diffusion de vidéo (meilleure qualité d’image, diffusion et téléchargement plus rapide…). Les usines manufacturières utilisatrices de robots et dotées d’un réseau internet interne important, seront alors en capacité d’innover et de faire évoluer leurs outils de production : gain de productivité et potentielles économies d’échelle seront à la clé.
La 5G offre des opportunités de création d’outils sans fils susceptibles d’être utilisés dans des domaines aussi variés que l’automobile (voitures autonomes) ou la médecine (opération à distance, diagnostic plus rapide en cas d’intervention des urgences…), qui jusqu’ici n’avaient pas forcément besoin d’une connexion internet. Enfin, les visioconférences seront probablement moins pénibles.
La 5G sera à l’origine de nombreuses innovations prêtes à révolutionner notre utilisation d’Internet, mais aussi des secteurs industriels
2.2 Elle nécessite des investissements massifs
Sur le plan économique, les nouvelles innovations et le renouvellement des machines que la 5G promet, seront source de croissance, de profit mais avant tout, et à l’origine, d’investissements.
L’État ainsi que les entreprises privées seront les sources de ces investissements.
Les investissements publics ont pour objectif de fixer le cadre du déploiement de la 5G sur 4 volets : l’offre et la demande 5G, la mise en place d’une feuille de route pour la R&D et enfin renforcer l’offre de formation.
Les investissements privés quant à eux, seront dirigés vers le déploiement en lui-même de la 5G :achat des bandes ou blocs de fréquences par les opérateurs, déploiements des antennes, conception de nouveaux smartphones compatibles avec la 5G…
Selon les théories économiques en vigueur, de tels investissements auront des effets positifs sur la croissance économique du pays dans son ensemble. Mis à part les innovations futures, ces investissements sont source de revenus pour les entreprises et à moyens termes, sources d’emplois et enfin de consommation des ménages et des entreprises. Tous ces indicateurs, s’ils repartent à la hausse seront la preuve d’une croissance économique tant convoitée par nos dirigeants.
La 5G pourrait être à l’origine d’une nouvelle révolution économique, comme ont pu l’être la révolution industrielle au 19ieme siècle ou l’apparition et le développement d’Internet plus récemment.
Cependant, si les promesses qu’offre la 5G sont palpables et encourageantes, son impact sur son environnement et sur la société doit être pris très au sérieux.
3. Les limites les plus importantes
3.1 Les limites économiques et idéologiques
Si la 5G comporte de nombreux avantages que ce soit en termes d’innovation ou de son éventuel pouvoir de relance économique, elle n’est pas dénuée de défauts.
Sur l’approche purement économique, la 5G est vue par ses défenseurs comme un moyen de pallier la demande accrue de données par les particuliers. Elle permettrait de résoudre le problème de la saturation du réseau 4G prévu pour 2023. Cependant, la 5G pourrait être à l’origine d’un effet rebond. C’est-à-dire qu’au vu de la consommation actuelle, les antennes permettraient de faire des économies d’énergie mais, c’est sans compter sur l’accès plus rapide aux données qui en doperaient la consommation. Cette accélération de la consommation sollicitera d’autant plus les antennes, réduisant les gains relatifs d’énergie acquis en cas de consommation faible ou moyenne. En Corée du Sud, depuis le passage de la 4G à la 5G, les clients ont multiplié par 3 le volume de données consommées, et ce en quelques semaines. Ce n’est donc que sur du moyen ou court terme, voire très court terme que les gains d’efficacité se feront sentir.
La 5G soulève également un débat idéologique : pourquoi la 5G ? Quels sont les objectifs finaux que la 5G nous permettrait d’atteindre en tant que société ?
Le déploiement de la 5ième génération de télécommunication, comme bien d’autres domaines, met en évidence les dérives de notre système économique actuel. La raison (affichée par l’État) de cette mise en place, c’est la course à l’innovation, la recherche de compétitivité et de la croissance économique pure. Les apports positifs comme négatifs de la 5G ne sont alors que des conséquences marginales, des progrès accessoires ou des effets négligeables. Sans objectif final au service de la société (réduction des inégalités, augmentation du bonheur…), le déploiement de la 5G est alors complètement dénué de sens, presque absurde. C’est une offre d’un produit qui espère que la demande soit au rendez-vous, la France comme le reste de l’Europe, n’est alors plus perçue que comme un marché et non une société.
Par ailleurs, les répercussions économiques et monétaires ne seront pas orientées vers les citoyens, mais plutôt vers les entreprises et les actionnaires de ces entreprises.
Paradoxalement, cette technologie qui vise à connecter tous les objets et tous les humains, sera complètement déconnecté de la réalité et des besoins sociaux de notre monde.
Cette déconnexion a d’ailleurs des conséquences négatives (voire très négatives) sur notre environnement, mais aussi sur notre tissu social.
3.2 Son impact environnemental et social
Les conséquences environnementales ne sont pas encore quantifiées, il n’existe pas d’étude globale de l’impact de la mise en place de la 5G. Il est malgré tout possible de relever au moins deux postes sur lesquels cette installation aura des conséquences.
Premièrement, l’énergie. Une antenne 5G consomme trois fois plus qu’une antenne 4G. A terme, il est possible d’imaginer que les antennes 5G tourneront à plein régime et qu’il y aura donc une consommation d’énergie trois fois supérieure à l’actuelle. Les sources d’énergie dont nos sociétés disposent (mis à part l’éolien et le photovoltaïque qui sont encore marginaux), sont soit du charbon, du gaz ou du nucléaire. Toutes ces sources ont un impact négatif sur l’environnement à court ou long terme, que ce soit en termes d’émissions de CO² ou de déchets.
L’autre secteur qui sera fortement impacté par le déploiement de la 5G est celui de la téléphonie mobile. La plupart des téléphones actuellement en circulation sur le marché ne sont pas compatibles avec la 5G. Pour pouvoir en bénéficier, il va donc falloir renouveler la quasi-totalité des terminaux présents sur le marché, et donc se débarrasser de nos anciens portables, provoquant une accélération artificielle de l’obsolescence de nos appareils. Il s’agit de dizaine de millions de téléphones en France et de milliard de terminaux dans le monde. Outre la production de nouveaux mobiles qui sera gourmande en énergie, c’est surtout l’épuisement des terres rares et des métaux précieux, qui servent à la fabrication des batteries et des micro-processeurs, qui se profile. Cet épuisement est d’ailleurs très proche : la production des nouvelles Playstation 5 est à l’arrêt, à cause de la raréfaction de ces matières premières.
Par ailleurs, il reste un autre aspect à évoquer. Le volet social de la 5G qui n’a pas été envisagé par l’État ou encore les entreprises, est pourtant un sujet important.
Là aussi, deux éléments importants peuvent être relevés parmi d’autres.
Le premier est celui de la sécurité des données et des informations collectées. Si l’ancienne application « StopCovid » nouvellement nommée « TousAntiCovid », a connu un échec cuisant, c’est bien à cause de la peur des Français d’être traqué partout sur le territoire.
Il est important de noter que les premiers appareils qui bénéficieront de la 5G, dans l’espace urbain, seront les caméras de surveillances. M. Darmanin s’en réjouit peut-être, les citoyens attachés à leurs libertés individuelles, probablement un peu moins.
De plus, la sécurité des données ne concerne pas que le gouvernement et ses tendances liberticides, mais aussi les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft). Ces cinq grandes firmes qui dominent le marché du numérique, sont très friandes de nos données personnelles, transmises de façon volontaire (post facebook, twitter…), ou involontaire via notre historique de recherche. Sans faire dans le complotisme, ces données permettent d’établir un profil plus ou moins précis des utilisateurs qui sont ensuite revendus à des tiers à des fins publicitaires. Là aussi, les libertés fondamentales des citoyens sont potentiellement mises en danger.
Le second poste est celui de la fracture numérique. Sur le territoire français, les grandes villes seront les seules à bénéficier de la 5G, dans un premier temps. En effet, les opérateurs cibleront le cœur des villes pour rentabiliser au plus vite leurs investissements. Quid des petites villes et des zones rurales, comme il en existe de nombreuses en Bretagne ?
Si en France au 3ieme trimestre 2020, 92,94 % des logements ont accès à un débit supérieur à 3 Mbits/s, seulement 60,9 % sont éligibles au très haut débit (>30 Mbits/s) selon le site Zone ADSL. La vraie priorité n’est pas le déploiement de la 5G mais de compléter la couverture réseau en très haut débit ou en fibre optique, pour faire disparaître les « zones blanches » qui disposent d’une très faible connexion ou qui n’en disposent pas du tout. En période COVID, où le télétravail se généralise, l’accès à une connexion internet de qualité se fait de plus en plus pressant, surtout dans les territoires qui n’en disposent pas. Une bonne couverture réseau, avec la fibre, l’ADSL ou la 4G permettra une décentralisation des emplois tertiaires des grandes villes, l’implantation ailleurs que dans les périphéries proches par les industries et à terme, une revitalisation des territoires. Le déploiement de la 5G nécessite déjà une excellente couverture. Or, elle n’existe que dans les métropoles, la mise en place prématurée de la 5G ne fera qu’accentuer les déséquilibres entre villes et zones rurales et accélérera l’effet aspirateur des grandes agglomérations, comme Nantes ou Rennes.
Pour conclure, la 5G est la nouvelle technologie internet, porteuse de bien des promesses et d’innovations dans tous les domaines de l’activité humaine : l’agriculture, l’industrie, la médecine… Certains y voient même la prochaine révolution économique.
Cette nouvelle génération comporte aussi son lot de questions : qui va en bénéficier principalement ? L’État avec de nouveaux moyens de contrôle de ses citoyens ? Les géants des technologies qui vont avoir accès à un volume encore plus grand de données ? Les entreprises qui trouveront grâce à la 5G de nouveaux marchés ? Ou les citoyens qui verront leur niveau de vie et de bonheur augmenter ?
Les impacts sur la santé, bien que peu documentés, seront à surveiller lors du déploiement global de la 5G. Il sera également nécessaire d’innover en ce qui concerne le recyclage des matières premières nécessaires à la fabrication des antennes et des téléphones, si l’on veut continuer à avoir accès aux nouvelles technologies.
La 5G pose aussi la question de la fracture numérique et l’accès à Internet pour tous les territoires. Les villes seront les premières à bénéficier de cette nouvelle technologie, alors que des territoires reculés ne possèdent pas du tout d’accès au web. Quid de la fracture numérique entre classes sociales ? Qui aura les moyens de s’acheter un nouveau téléphone compatible 5G, au vu des tarifs pratiqués ?
Chacun de ces sujets aurait mérité de faire l’objet d’un débat public et d’une consultation des citoyens. Pourtant, le gouvernement français a décidé de faire fi de la démocratie et impose la 5G. Les motifs affichés que sont la course à l’innovation et la compétitivité sont vains, sans réels fondements idéologiques bénéfiques à la société, dans son ensemble. Un débat politique aurait permis de répondre à toutes ou partie des questions posées plus haut. Les territoires auraient eu le choix sur le déploiement ou non de la 5G, sur la méthode ainsi que sur les sujets prioritaires à cibler la concernant.
A Nantes, la volonté de créer un débat et de nouer des échanges sur les enjeux de la 5G est à saluer, la gestion politique à l’échelle nationale reste très contestable.
Finalement, cette nouvelle technologie nous interroge sur les bases de notre société moderne, sur notre mode de représentation politique et sur notre conception de l’économie.
Sommes-nous prêts à sacrifier notre voix politique au profit du progrès technique ? Notre environnement pour l’innovation ? N’avons-nous pas, en réalité, déjà fait ces sacrifices ?
Si oui, comment reprendre la main ?
Sources :
-Steven Fafard. (Maj 22 février 2021) 5G : Définition, fonctionnement du réseau, usages et couverture en France, tout ce qu’il faut savoir cnetfrance.fr
-OMS. (29 avril 2016). Rayonnements ionisants, effets sur la santé et mesures de protection
-Wikipédia définition rayonnement non ionisant
-Alexandre Billaut. (31 juillet 2019). 5G : Tous les usages qui changeront (vraiment) votre quotidien demain cnetfrance.fr
-Coralie Lemke. (Maj 15/09/2020). La 5G est-elle dangereuse pour la santé ? Scienceetavenir.fr
-francetvinfo.fr. (18 septembre 2020). Vrai ou fake : l’impact de la 5G sur l’environnement sera-il mauvais ?
-Cyril Pocréaux et François Ruffin. (2020, Novembre). 5G la course à quoi ?
monde-diplomatique.fr
-entreprises.gouv.fr
-bpifrance.fr
-Conseil général de l’environnement et du développement durable, Inspection générale des affaires sociales, Inspection générale des finances, Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies ( Septembre 2020). Déploiement de la 5G en France et dans le monde : les aspects techniques et sanitaires
-Geoffrey Wetzel. (9 novembre 2020). « Le tournant 5G », bonne ou mauvaise idée ?
ecoreseau.fr
-Bureau Municipal Nantes. (15/02/2021). Note 5G