Le Bureau politique de l’UDB tient une discussion de politique générale à chacune de ses réunions. A l’issue de ces échanges, un texte d’analyse de la situation nationale et bretonne est écrit et voté. Vous trouverez ci-dessous le texte issu du bureau politique du dimanche 6 mai 2018, réuni à Saint-Brieuc.
Le gouvernement met en place son programme, de plus en plus en faveur des privilégiés avec par exemple la réduction de la base de calcul de l’Impôt sur la Fortune puis le projet de suppression de l’« Exit tax », tandis que les services publics sont attaqués. Transports, hôpitaux, universités, manquent de financement et le service rendu à la population se dégrade. Les diminutions successives des dotations aux collectivités locales et la réduction de l’autonomie fiscale intervenues ces dernières années ont pour conséquence d’ajouter à la dégradation des services publics et de faire plonger l’investissement public local à un niveau historiquement bas. Dans le même temps le gouvernement pourrait être tenté de faire porter aux régions la responsabilité de ses choix financiers, par exemple en leur déléguant la gestion de lignes ferroviaires sans leur transférer les moyens nécessaires. On voit ainsi les collectivités locales jouer les pompiers pour des services publics abandonnés par l’État et par ses administrations. Cette solution n’est pas tenable, une mobilisation pour une répartition plus juste des budgets publics est nécessaire, tout comme une mobilisation pour une fiscalité plus progressive.
Les menaces qui pèsent sur les services publics provoquent un mouvement de contestation qui semble durable, et qui devrait engendrer une réaction dans la partie de la base électorale d’Emmanuel Macron venue de la gauche. La fin annoncée du clivage droite-gauche dans le champ parlementaire français pourrait bien s’avérer être un mirage.
La France Insoumise confirme son ancrage jacobin après une période qui aurait pu laisser espérer une position plus ouverte ; la vision de l’État et de la nation française de la France Insoumise est profondément incompatible avec le projet de société de l’Union démocratique bretonne, même si des discussions et des convergences locales restent possibles en raison de l’hétérogénéité idéologique de ce mouvement.
Face à la contestation sociale, on constate une dérive autoritaire et policière du gouvernement. Les polémiques sur les blacks blocks et les violences sont instrumentalisées pour occulter les revendications sociales. On constate dans ce contexte un penchant assumé du Président de la République pour le pouvoir personnel, qui n’augure pas bien de la mise en place d’un droit à la différenciation à l’occasion de la réforme constitutionnelle. Les attentes corses sont déjà déçues et contrairement à la rhétorique sur le pacte girondin, le gouvernement, les administrations centrales et le chef de l’État ne semblent pas prêts à partager réellement le pouvoir. Une mobilisation populaire sera donc indispensable pour obtenir des avancées face aux obstacles institutionnels à prévoir.
En Bretagne, différentes tentatives sont en cours pour faire exister un débat au sujet de la répartition des pouvoirs et des outils nécessaires au développement de la Bretagne. Le groupe organisateur de l’événement de Locminé ou encore la Breizh Cop lancée par le Conseil régional de Bretagne administrative vont dans cette direction mais leur écho reste limité. L’Union démocratique bretonne a présenté une contribution au débat au Conseil régional et à la presse, avec des propositions précises portant sur l’énergie, le transport, la santé, l’agriculture, le commerce, la langue bretonne, l’enseignement, les institutions et les finances publiques. Le parti entend profiter de cette période de débats pour lancer une mobilisation pour plus de pouvoir régional et local sur différents thèmes d’actualité, à partir d’une déclinaison simplifiée de la contribution déjà publiée.
En plus du débat sur les compétences et les moyens des collectivités locales, le débat sur les périmètres géographiques réapparaît, preuve que la réforme territoriale de 2014 n’a pas apporté d’arbitrages satisfaisants. Certains départements pourraient ainsi fusionner avec les métropoles. Ce serait notamment le cas de Nantes et du département de Loire-Atlantique. Dans le reste des Pays de la Loire, les départements de Mayenne, Maine-et-Loire et Sarthe prévoient de fusionner. Cette évolution peut contribuer à faciliter la réunification administrative de la Bretagne. Elle prouve qu’il n’existe pas d’unité dans les Pays de la Loire mais deux entités, la Loire-Atlantique et Nantes d’un côté, l’ancienne région du Maine de l’autre. La place de la Vendée reste problématique : elle a sans conteste sa dynamique propre. La perspective d’une fusion des départements voisins de la Bretagne pourrait également relancer la mobilisation pour une Assemblée de Bretagne, seule solution à même de contrebalancer le pouvoir des métropoles pour mener des politiques d’équilibre territorial. L’Union démocratique bretonne continue à porter cette proposition auprès des élus départementaux et régionaux.
Dans les mois à venir, l’Union démocratique bretonne continuera à se mobiliser pour des services publics bien financés, bien répartis sur le territoire, et gérés au plus près du terrain en associant les usagers. Elle sera présente le 26 mai à Rennes pour défendre l’avenir et le développement de Diwan et appelle les militants de toutes ses fédérations à s’y rendre. Le parti sera actif pour populariser l’idée de la dévolution de nouveaux pouvoirs en Bretagne, et pour amener d’autres formations politiques à prendre position à ce sujet.