Le bureau politique de l’UDB tient une discussion de politique générale à chacune de ses réunions. A l’issue de ces échanges, un texte d’analyse de la situation nationale et bretonne est écrit et voté. Vous trouverez ci-dessous le texte issu du bureau politique du dimanche 16 septembre 2018, réuni à Pontivy.
Lʼévénement politique de ces dernières semaines est bien sûr la démission du Ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot. Dʼabord parce qu’elle a remis la question écologique au cœur de la discussion politique. Depuis, ont été organisées assez rapidement et avec un succès manifeste des « marches pour le climat » dans beaucoup de grandes villes de France. Lʼécologie est clairement un enjeu des prochaines décennies et nécessite des transformations économiques de fond, notamment des pratiques agricoles. L’UDB mesure le dynamisme du secteur agricole en Bretagne. L’agriculture est sujet à de profondes mutations, mais aucun choix d’avenir n’est fait. A Carhaix, l’usine Synutra, qui était présentée comme révolutionnaire, est en vente. De leur côté, les faucheurs volontaires ont investi l’usine de Triskalia. L’UDB souhaite ainsi développer davantage les relations avec les organisations agricoles afin de trouver des pistes de réflexion permettant d’accélérer la transition écologique dans ce domaine. En démissionnant, Nicolas Hulot a surtout fustigé le système économique néo-libéral qu’il juge responsable des dérèglements climatiques. Cet aspect de sa démission a sûrement fait grincer des dents au sommet de l’Etat et n’a bien sûr pas été pris en compte. Nicolas Hulot a aussi critiqué la « politique des petits pas » et estimé que les combats, tant sur les pesticides ou sur le nucléaire, nʼont pas débuté.
Les problèmes climatiques se font ressentir concrètement et interrogent largement. Le réchauffement climatique est par exemple aussi responsable de migrations, sujet que lʼUDB souhaite approfondir pour éviter de rester dans des généralités. Cʼest dʼautant plus important que l’on assiste ces derniers temps à des changements de discours de la part de certains partis de gauche (Die Linke en Allemagne par exemple) sur ces thématiques. De manière générale, on constate que de nombreux partis de gauche nʼont pas de réponse au sujet de lʼimmigration et certains développent même des « réponses » qui ressemblent à sʼy méprendre aux solutions préconisées par la droite. LʼUDB reste persuadé que le devoir humanitaire doit sʼexercer, mais il est de plus en plus clair que la question des migrants interroge, y compris en Bretagne. Intégration, travail dʼéducation, accès aux services, lʼUDB souhaite aborder le sujet sans tabou et dégager des pistes de réflexion de gauche à ces questions sensibles.
Un problème démocratique
La démission de Nicolas Hulot marque également un problème démocratique. Quand un ministre estime « ne pas avoir de pouvoir », soit il ment, soit il y a un sérieux problème de démocratie en France. Nicolas Hulot a fustigé le poids des lobbies, mais on mesure aussi de plus en plus lʼascendant de lʼexécutif – et plus particulièrement du président de la République – sur les autres pouvoirs. Même sʼil est à noter que beaucoup de députés LREM nʼont pas voté pour lui, lʼélection de Richard Ferrand illustre la mainmise de lʼElysée sur lʼAssemblée Nationale. Les menaces de lʼexécutif sur le Sénat au sujet de lʼaffaire Benalla révèlent également une pratique autoritaire du pouvoir. La chute dans les sondages de la popularité du Président nʼentraîne pourtant pas automatiquement une montée des partis de gauche, y compris de la France insoumise qui sʼaffiche pourtant comme lʼopposition officielle. Le Rassemblement National, en difficulté financière, ne semble pas impacté politiquement. Il continue de parader dans les sondages comme étant une force incontournable. Pire, ses sujets restent à l’ordre du jour médiatiquement. La sécurité, par exemple, continue d’occuper les médias et l’avenir privatisé de la sécurité, voire même d’une part de l’armée ne sont pas de nature à rassurer.
Un semblant de virage social
Face aux critiques qui lui sont faites, le gouvernement a amorcé un semblant de virage social. Emmanuel Macron a lancé beaucoup de débats (réformes des retraites, du droit au chômage…), mais qui ne sont pas ficelés. Derrière ces déclarations, peu de préparation et beaucoup de confusion dans la mise en œuvre. Avec beaucoup de retard, un « plan pauvreté » a été proposé, mais en grattant un peu, on constate que lʼaccession facilitée aux aides est conditionnée à lʼacceptation dʼun emploi dit « raisonnable ». Plus problématique, le principe de solidarité qui existait jusquʼà présent semble se transformer : on passe progressivement dʼun système bismarckien (système assurantiel et cotisation des salariés eux-mêmes) à un système où l’État reprend la main sur tout. On exclut de fait le système de représentation des corps intermédiaires. Le rêve des hauts-fonctionnaires semble se réaliser. Pour lʼUDB, cʼest une centralisation inacceptable. La tournée que le parti a organisé en Bretagne en invitant Andrée Munchenbach, présidente d’Unser Land, a permis justement de proposer une piste de réflexion concrète aux solutions néo-libérales portées par l’exécutif : celle de l’expérimentation d’un système d’assurance maladie semblable au régime local d’Alsace-Moselle.
En Bretagne, l’été a été marqué par une critique inédite de la sur-concentration touristique. Le collectif Dispac’h a dénoncé par des actions spontanées la sur-représentation de l’activité touristique dans l’économie locale. Lorsque le tourisme représente une activité trop importante de l’économie bretonne, on peut penser que la Bretagne est dans une bonne santé économique alors que la réalité est bien plus nuancée. Un arsenal législatif ou réglementaire existe qui n’est sûrement pas suffisamment exploité. La privatisation du domaine public est pourtant un sujet d’importance qui concerne l’ensemble des Bretons.
Bientôt 100000 signatures ?
Toujours en Bretagne, l’association Bretagne Réunie est en passe de réussir son pari de récolter 100 000 signatures, soit 10 % du corps électoral de Loire-Atlantique, pour mettre la question à l’ordre du jour au Conseil départemental. Le Président du Conseil départemental Philippe Grosvalet a refusé de mettre le sujet à l’ordre du jour avant que la collecte ne soit terminée. L’UDB souhaite profiter de la manifestation du 29 septembre pour aider l’association à atteindre son objectif.
En revanche, l’objectif d’un statut officiel pour le réseau Diwan n’est toujours pas atteint. Seul un report d’un an des contrats aidés a été proposé à ce jour malgré les réunions avec la Préfecture. Celle-ci n’offre aucune solution pérenne pour l’avenir du réseau associatif.
Enfin, le sport a également été abordé suite à la parution du dernier numéro du journal Le Peuple breton. Le sport se résume-t-il à la compétition ou est-il vecteur d’autres valeurs ? Le parti souhaite aborder aussi cette question du sport car il est évident que le peuple breton est aussi dans les stades.