Aurélien Boulé (Nantes) au sujet de la signature de la charte « Déclaration de Paris »

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Déclaration de Paris

Intervention d’Aurélien Boulé, en Conseil Municipal de Nantes, le 15 Octobre 2021, au sujet de la signature de la charte “Déclaration de Paris” :

Madame la Maire, mes cher·e·s collègues,

La lutte contre le VIH est une urgence planétaire, plus de 35 ans après le début de l’épidémie.
Cette épidémie est terrifiante : 75 millions de personnes ont été infectées par le VIH, 32 millions sont décédées des suites d’une maladie liée au stade sida et près de 2 millions de personnes deviennent séropositives par an.

Aujourd’hui, en France, ce sont environ 150 000 personnes qui sont porteuses du virus, dont 30 000 qui ignorent leur statut sérologique.
Il n’existe pas à ce jour de traitement capable de guérir du VIH.
Mais, quelques espoirs existent. Depuis l’arrivée des trithérapies, les traitements antirétroviraux n’ont cessé de progresser en efficacité et en tolérance. Une personne séropositive qui prend un traitement antirétroviral dans le cadre d’un suivi médical régulier ne transmet pas le virus à ses partenaires sexuels.

Aussi, cette épidémie est fortement discriminante. Nous ne sommes pas égales et égaux face au risque.
L’épidémie touche de façon disproportionnée certains groupes de la population, notamment les personnes homo ou bisexuelles, les personnes nées dans un pays à fort risque et les personnes migrantes LGBT.
Plus généralement, des études ont montré que : l’échec virologique est fortement associé au chômage, à un niveau d’éducation faible, à la discrimination sérophobe, au faible réseau social et à la pauvreté.
En finir avec le sida passe donc par une transformation sociale.

Quelques avancées récentes sont néanmoins à noter, en France.
Depuis 2016, la France est le premier pays à autoriser et à rembourser la prescription d’un traitement de prévention antirétroviral (la PrEP).
Une volonté existe pour généraliser le dispositif « Au labo sans ordo ». Mais le gouvernement doit aller plus loin et soutenir massivement les associations pour un accès facile et gratuit aux tests rapides de dépistage et aux autotests.

A l’avenir, si toutes les personnes vivant avec le VIH étaient diagnostiquées, sous traitement, et avaient des conditions de vie acceptables leur permettant de conserver cette charge virale indétectable, le virus responsable du sida se transmettrait de moins en moins jusqu’à atteindre zéro nouvelle contamination.

Dans ce contexte, quelle est la marge d’action pour Nantes ?

Notre ville s’engage à faire sa part pour mettre fin à l’épidémie VIH / SIDA dans le monde, d’ici 2030. Avec notamment l’objectif 95-95-95 de l’ONUSIDA, visant à ce que :

  • 95% des personnes séropositives connaissent leur statut sérologique
  • 95% des personnes qui connaissent leur séropositivité soient mises sous traitement antirétroviral
  • 95% des personnes sous traitement antirétroviral aient une charge virale indétectable

En complément de ces nécessaires mesures politiques, quelles sont les solutions individuelles ?
Plusieurs pistes concrètes existent : en adoptant la bonne fréquence de dépistage (avec un accès gratuit et anonyme), en trouvant le mode de prévention qui convient à chacune et chacun, en prenant un traitement préventif, en réagissant rapidement après un risque de transmission (Traitement Post-Exposition).

Enfin, comme le rappellent les signataires de « l’appel de Grenoble », la fin de l’épidémie de VIH/sida est un projet de société. Cela demande des mesures politiques systémiques ; les inégalités que subissent un très grand nombre de personnes vivant avec le VIH ou qui y sont exposées sont, elles-mêmes, systémiques.
L’équité entre les personnes, et entre les peuples, est une question de justice sociale et de respect des droits fondamentaux de la personne ; il s’agit d’une voie essentielle pour en finir avec le sida.

Aurélien Boulé, conseiller municipal et métropolitain de Nantes

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