Samedi 26 octobre s’est déroulée la manifestation Llibertat organisée par l’association de société civile Omnium, dont le président Jordi Cuixart a été condamné à 9 ans d’emprisonnement. À l’invitation du parti Esquerra Republica de Catalunya, le responsable des affaires internationales de l’UDB Victor Gallou s’est rendu à Barcelone en sa qualité de vice-président de l’Alliance Libre Européenne et a pris part à la délégation composée d’anciens et actuels eurodéputés lors de cette journée.
Des centaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de Barcelone ce samedi, et d’autres cortèges alternatifs se sont formés dans la soirée : on dénombrait notamment 10 000 manifestants dans la soirée dans la rue Laietana, où quelques échauffourées ont opposé manifestants et policiers devant la siège de la police nationale espagnole.
Plus tôt dans la journée, le cortège de la manifestation Llibertat, pour la libération des prisonniers politiques s’est élancé à 17h. Tous les responsables politiques catalans ont répondu présents : le Président de la Generalitat de Catalogne Quim Torra ou le Président du Parlement Roger Torrent.
« À travers cette manifestation, l’unité était de mise entre les indépendantistes. Les Catalans ressentent les condamnations très fermes dont ont écopé les neuf responsables politiques et associatifs comme une injustice », énonce Victor Gallou.
Plusieurs têtes bien connues ont pris place dans le cortège : la députée européenne du groupe Verts-ALE Diana Riba, mais aussi les anciens députés européens du même groupe José Bové, Jordi Solé, Bodil Valero ou Jose-Maria Terricabras, le député basque au Parlement espagnol Jon Inarritu ainsi que le conseiller municipal de Barcelone Max Zanartu. L’Alliance Libre Européenne y était représentée par sa présidente Lorena Lopez de Lacalle ainsi que Victor Gallou.
« Notre objectif était de venir soutenir par notre présence les prisonniers politiques qui subissent une situation injuste et incompréhensible. Nous n’avons pas vocation à prendre position pour ou contre l’indépendance, ce n’est pas de notre ressort. En revanche, en tant que défenseur des principes universels des droits de l’Homme, il est de notre devoir de dénoncer cette condamnation inique. Le droit des peuples à disposer d’eux-même n’est pas un principe à géométrie variable. Le verrou imposé par Madrid sur cette question conduit à pourrir la situation : pour l’instant, seule une infirme minorité de manifestants s’adonnent à de la violence, mais cela pourrait empirer si le sentiment d’injustice perdure. Il est plus que nécessaire que des négociations reprennent : l’Union européenne ainsi que les autres États européens doivent remplir leur rôle en la matière », ajoute Victor Gallou.
C’est notamment le sens du propos porté par José Bové, devant la télévision catalane. « Lorsque des événements graves se sont déroulés en Irlande, l’Europe est intervenue pour que l’on puisse trouver un accord de paix et une résolution au conflit », a-t-il indiqué. « Aujourd’hui, l’Europe ne peut pas dire que ce qui se passe ici est du ressort des affaires internes de l’Espagne. L’Europe doit intervenir et mettre en œuvre les outils diplomatiques dont elle dispose en la matière ».
Cette journée s’est soldée par une rencontre dans un restaurant barcelonais avec des proches des prisonniers et exilés, et notamment un témoignage véritablement poignant et bouleversant de Txell Bonet, compagne et mère des enfants de Jordi Cuixart. « Je peux le voir une fois par semaine à travers une vitre, et nous pouvons nous trouver trois fois par mois dans une même pièce. C’est important pour moi et mes enfants de pouvoir entretenir un contact physique avec mon mari ».
Txell Bonet nous indique que l’annonce de la condamnation a renforcé la détermination des prisonniers. « Avec Jordi, nous avons décidé qu’il fallait continuer de vivre, malgré l’éloignement et l’isolement. Je ne vais pas attendre qu’il sorte de prison pour que l’on refasse notre vie. Je savais que ce serait très difficile d’attendre plusieurs années pour que l’on ait un autre enfant. Aujourd’hui, je suis très heureuse d’avoir un enfant âgé d’un mois ». C’était la première fois que Txell Bonet laissait cet enfant seul chez sa sœur de manière à pouvoir se libérer lors du repas pour venir témoigner.
José Bové et Victor Gallou ont même pu échanger quelques mots au téléphone avec Jordi Cuixart. « C’est une sensation très étrange, car Jordi nous a chaleureusement remercié pour notre soutien. Mais en réalité, nous, nous sommes libres de pouvoir nous exprimer et nous déplacer. C’est moi qui lui suis infiniment reconnaissant de sacrifier sa liberté pour la cause qu’il défend, à savoir le droit de son peuple à décider de son avenir. Ma présence est tout à fait naturelle, et c’est bien peu de choses par rapport à ce que lui et ses compagnons d’infortune ont réalisé », admet Victor Gallou.
Ce dimanche se déroulait également dans les rues de Barcelone une manifestation pour l’unité de l’Espagne, réunissant les socialistes du PSOE, et notamment Josep Borell, ministre des affaires étrangères espagnol et futur successeur de Federica Mogherini à la Commission Européenne en tant que haut-représentant de l’Union pour les affaires étrangères, mais aussi Manuel Valls, les nationalistes de Ciudadanos et les conservateurs du Parti Populaire Espagnol. Cette manifestation se déroulait alors que cette semaine est intervenue l’exhumation du cercueil de Franco du mausolée dans lequel il se trouvait. Cela fait suite à un vote du congrès espagnol à l’initiative du Premier Ministre Pedro Sanchez, et sur lequel les députés de Ciudadanos et du Parti Populaire s’étaient opposés. Pour Victor Gallou, cela montre toute l’ambiguïté de la situation : « On se demande réellement en Espagne qui constitue véritablement une menace pour la démocratie».