La convention État-Région sur les langues de Bretagne, signée le 14 mars à Rennes, était discutée depuis plus d’un an. Elle avait donné lieu à un véritable rapport de force politique entre la Région Bretagne et le ministère de l’Éducation nationale, au départ opposé à une convention ambitieuse et engageante.
Rappelons l’enjeu de renforcer la transmission et la visibilité du breton : 33 % de la population et 40 % des jeunes aimeraient que leurs enfants apprennent le breton à l’école, alors qu’à l’heure actuelle moins de 10 % des écoles proposent des filières bilingues. Par ailleurs ces filières s’interrompent très souvent au secondaire, maillon faible de l’enseignement bilingue. L’effort à fournir pour répondre aux attentes est donc considérable. Les attentes sont aussi fortes pour la visibilité et l’usage du breton dans l’espace public.
La Convention signée le 14 mars contient plusieurs engagements historiques de la part de l’État : atteindre les 30 000 élèves solarisés en filières bilingues ou immersives à l’échéance de la convention (chiffre qui ne suffit pas à répondre aux attentes mais qui suppose un rythme de croissance des filières bilingues inconnu jusqu’à présent) ; reconnaître l’enseignement immersif y compris dans l’enseignement public ; développer le bilinguisme sur les bâtiments publics, y compris ceux de l’État, et le long des axes routiers…
Le gallo est aussi pris en compte, notamment avec des mesures pour structurer la formation d’enseignants, développer l’enseignement du gallo dans le premier degré puis dans le second degré.
Il n’en reste pas moins que la signature de la Convention ne règle pas toutes les difficultés. Si le recrutement d’enseignants bilingues devrait s’améliorer dans le premier degré, avec l’objectif de passer de 20 % à 50 % de postes bilingues pour le CRPE, en revanche le second degré reste le parent pauvre de la Convention. Aucun engagement ferme n’est pris sur le recrutement et la formation des enseignants, alors que seuls deux postes sont ouverts au CAPES cette année ! Les recrutements actuels permettent à peine de maintenir l’existant, en aucun cas de développer et de renforcer les filières. Or si les cursus bilingues s’interrompent massivement au moment du passage au collège, les bénéfices du bilinguisme seront perdus pour la plupart des élèves.
Par ailleurs, plusieurs points restent en suspens concernant Diwan, notamment le problème du conventionnement des nouveaux sites.
L’UDB salue donc ces avancées pour le breton et le gallo mais reste mobilisée pour la résolution des problèmes que la convention ne règle pas.
Pierre-Emmanuel Marais, porte-parole de l’Union démocratique bretonne