Travail et maternité : toujours plus de discriminations

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Maternité

Le 2 février dernier, nous apprenions que la navigatrice Clarisse Crémer était lâchée par son sponsor Banque Populaire. La maternité de la skippeuse ne lui permettrait pas de faire les miles nécessaires à la qualification pour le Vendée Globe. Par conséquent, l’écurie n’aurait pas la garantie d’être au départ de la prochaine édition de cette course. Argument réfuté par la navigatrice, car selon elle il reste suffisamment de temps pour qu’elle se remette de sa grossesse et qu’elle fasse le nécessaire pour la qualification. De son côté, l’organisation du Vendée Globe, dont le réglement ne prévoit pas qu’une skippeuse puisse tomber enceinte, déplore une décision hâtive. Le 17 février, après un “bad-buzz” sur les réseaux, Banque Populaire préfère se retirer de la course. Autrement dit, Banque Populaire se saborde et sanctionne sa skippeuse parce qu’elle a eu un enfant.

L’injustice éclate au grand jour et les internautes s’offusquent. Pourtant cette situation est banale. Elle révèle la difficulté qu’ont les jeunes femmes à entrer sur le marché du travail. Elles subissent deux pressions contradictoires. Elles doivent avoir des enfants, c’est ce que l’on attend d’elles. Et de préférence assez tôt. Mais en même temps cela ne doit pas impacter leur travail. Combien de jeunes femmes ont entendu des remarques de la part de leur patron telles que : “J’espère que tu ne prévois pas d’avoir des enfants tout de suite car on a besoin de toi”. Mais cela va encore plus loin. À l’UDB Yaouank, un recruteur rapporte l’histoire d’une jeune femme ayant passé un entretien d’embauche chez un grand producteur français d’électricité. Après les entretiens, c’est elle qui avait été identifiée par le DRH comme étant la meilleure pour le poste, mais finalement elle n’a pas été retenue. En cause, un jeune âge et toujours pas d’enfants. La direction présumait qu’elle ne tarderait pas à tomber enceinte. Cela voulait dire former quelqu’un puis la voir prendre un congé maternité.

Baisse de salaire, mise au placard, non renouvellement d’un CDD, retour au travail compliqué… Les témoignages de femmes se faisant harceler à leur retour ou licencier pour “faute grave” ne manquent pas. Selon une enquête remise en 2017 au Défenseur des droits, les femmes enceintes ou les jeunes mamans ont deux fois plus de chances d’être discriminées au travail. Cela met fatalement les jeunes femmes en situation de vulnérabilité au moment de l’annonce de la grossesse.

Pourtant, le code du travail existe et il protège les femmes de ces situations inacceptables. L’employeur qui discriminerait une femme pour son état de grossesse ou sa situation familiale se retrouverait dans l’illégalité la plus totale. Rappelons qu’une femme doit pouvoir prendre un congé maternité sans subir de pressions ni de remarques de la part de ses supérieurs ou collègues. Quand elles reviennent, elle doivent, entre autres, retrouver leur poste ou un poste équivalent, avec le même salaire. L’employeur ne peut pas licencier sa salariée, qui est protégée dès l’annonce de sa grossesse et jusqu’à dix semaines après son retour. On ne peut pas faire travailler une femme pendant les six semaines avant son accouchement et les six semaines après son accouchement, même en télétravail. Certains travaux sont interdits et certains postes doivent être aménagés. L’aménagement du poste suite à une grossesse n’est pas une faveur que ferait l’employeur dans sa grande bonté, mais bien un droit qu’il se doit de respecter.

Avoir un enfant n’est pas une obligation mais un droit, beaucoup ont tendance à l’oublier. La lutte et la vigilance de chacun doivent être constantes pour que ces situations ne se reproduisent plus.

UDB Yaouank

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