Face à la radicalisation des droites : la solution n’est pas de remplacer le bruit de mortier par le bruit des bottes !
L’UDB ne dérogera pas à son principe de subsidiarité qui consiste à confier une compétence et les moyens idoines à l’échelon institutionnel qui sera le plus pertinent pour la mener à bien. Si la prévention d’un côté, et l’accompagnement des victimes et la réinsertion des détenus de l’autre, sont en partie menés par la Ville, l’élucidation, le jugement et la sanction doivent demeurer du ressort de l’État. La police, la justice et la prison ne saurait être municipales.
Et ce n’est d’ailleurs pas par cette course à l’armement que réclament les droites, que l’État réglera le problème de l’insécurité. Ce sera avant tout, en cessant la casse du service public en cours, qui touche notamment la justice ; mais à l’inverse, en offrant à celle-ci les moyens et les ressources pour mener à bien sa mission, et en renforçant la formation des policières et policiers – nationaux – afin de leur permettre de gagner en compétences et de modifier ainsi leur image aujourd’hui dégradée auprès de nombreux Françaises et Français.
Quant au narcotrafic et les violences associées, seule la légalisation du cannabis aura un impact réel. Les systèmes sécuritaires (police municipale et vidéo-surveillance) déjà en place dans toutes les autres métropoles de France et de Bretagne, n’ont d’ailleurs pas freiné l’augmentation de la délinquance. Dans ce domaine, nous nous sommes dotés de l’une des réglementations les plus répressives d’Occident, et nous n’en avons pas moins l’un des taux de personnes à forte consommation les plus importants.
Subsidiarité donc. À la Ville revient la mission de mettre en place, en collaboration avec ses partenaires associatifs et institutionnels et surtout les citoyennes et citoyens, des politiques prévenant cette criminalité sur son territoire, notamment dans les quartiers. La création de la brigade de tranquillité, ou encore le renforcement du nombre de médiateurs y participent à court et moyen terme. Mais bien plus en amont et profondément, la Majorité prévient les sources de l’insécurité, à travers son soutien à l’éducation populaire pour toutes et tous, dès le plus jeune âge, sa politique de promotion du dialogue entre les cultures, permettant à chacune et chacun d’être soit parmi et avec les autres, dans le respect de la laïcité, mais aussi et avant tout à travers ses politiques de solidarités au profit des personnes précaires. Car nous savons que la violence fait son lit dans la misère.
Or justement, puisque nous évoquons cette obsession des droites pour la sécurité, où sont-elles lorsqu’il s’agit de s’indigner et lutter contre cette violence à grande échelle que provoque la crise par la paupérisation des Brestoises et Brestois les plus précaires, quand les milliardaires français ont profité de la situation en gagnant autant en 2 ans que durant les 10 dernières années. On ne les entend pas quand il s’agit de sécurité alimentaire, de la sécurité d’un logement pour toutes et tous, de sécurité face à la maladie, au handicap, au vieillissement.
Lutter contre la violence des inégalités sociales est un travail de longue haleine. Alors évidemment, permettre l’émancipation de chacune et chacun nécessite bien plus de temps et d’énergie que de ressortir le karcher. Quelle paresse que la démagogie.
La récupération des évènements survenus la semaine dernière dans le quartier de Pontanezen illustre le populisme auquel les droites succombent. En voulant utiliser, manipuler le ressenti collectif et la détresse des plus précaires, elles stigmatisent tout un quartier au dynamisme exemplaire, pour des violences commises par une vingtaine d’individus. Elles mettent de l’huile sur le feu par leur cris d’orfraie, en ce conseil comme à travers les médias. Dans un but strictement électoraliste en cette année 2022, les droites dérivent de plus en plus vers une idéologie sécuritaire nauséabonde qui divise, met au ban, au lieu de rassembler. Cette stratégie est d’ailleurs loin de leur profiter électoralement, mais permet plutôt aux extrêmes droites de surenchérir et se positionner ainsi encore davantage sur le devant de la scène. On préfère toujours l’original à la copie.
Les droites jouent à un jeu dangereux. Ces porosités, tant sur les méthodes que sur l’idéologie, finiront par faire s’effondrer la digue qui les sépare de leurs extrêmes et qui protège la République, la démocratie et la société. On ne bâtit pas une société de paix par la radicalisation. La solution n’est pas de remplacer le bruit de mortier par le bruit des bottes.
Réaction du groupe des élu·e·s UDB à la Ville de Brest,
Conseil Municipal du 03.02.2022
Fragan Valentin-Leméni