Conseil municipal de Brest : le rôle de l’éducation populaire dans la vie de la cité

Partagez
Tweetez
Envoyez
éducation populaire

Émancipation de toutes et tous et apprentissage de la citoyenneté : le rôle de l’éducation populaire dans la vie de la cité

L’éducation populaire vient se positionner à l’encontre d’une société de consommation promue par les libéraux, qui individualise voire exclut. Il ne faut jamais voir à travers un patronage laïque ou un centre social, une offre d’activités de loisirs.

La première mission de l’éducation populaire est l’émancipation de chacune et chacun, en leur permettant de devenir actrice et acteur de leur développement, personnel et collectif, de conquérir leur propre liberté. L’éducation populaire est issue des mouvements ouvriers du XIXème siècle. Dans le contexte de la Révolution industrielle, à travers leurs luttes pour améliorer leurs conditions de vie, les ouvrières et ouvriers ont appris de nouvelles compétences qui leur étaient socialement inaccessibles jusque-là : apprendre à s’exprimer à l’écrit comme à l’oral, à débattre, à construire ensemble des revendications. Elles et ils ont pu ainsi prendre conscience de ce qu’ils étaient en tant que groupe social, et définir la souffrance dont ils étaient victimes, étapes nécessaires à leur émancipation. Conservant l’esprit et la démarche de ces premières initiatives de co-formation, l’éducation populaire s’adresse aujourd’hui encore à toutes et à tous, à tous les âges et dans toutes les situations de la vie, et en particulier à celles et ceux qui, par leur naissance ou leur parcours, n’ont pas eu accès, pu profiter, trouver leur place ou s’épanouir de l’éducation dite nationale : les personnes précaires, en situation de handicap, ou encore exilées, en particulier. Cette éducation alternative du peuple, par le peuple, pour le peuple, permet à beaucoup de s’approprier savoirs, savoir-faire et savoir-être. Pour exemple, combien ont ainsi eu accès aux cultures grâce à elle. C’est ainsi, qu’en opposition au concept vertical de « démocratisation culturelle », qui impose du haut vers le bas une définition académique et parisienne de la culture, l’éducation populaire s’est faite actrice de la promotion de la « démocratie culturelle », donnant à toutes et tous l’accès à la découverte et à la production des cultures anciennes et contemporaines présentes sur le territoires, en leur offrant les outils nécessaires pour s’approprier les œuvres culturelles, le patrimoine matériel comme immatériel, ainsi que la création. Plus globalement, par l’acquisition de ces compétences comme de tant d’autres, elle participe à l’insertion. Combien de vocations n’a-t-elle pas initiées.

Lieu de l’émancipation, elle est aussi au cœur de l’éducation à la citoyenneté. Plusieurs fédérations d’éducation populaire sont nées dans le sillage des réseaux de la Résistance. Ces mêmes réseaux, ont, pendant la Guerre, été des lieux de réflexion populaire, creusés d’une idéologie pacifiste et démocratique, et qui allaient pousser encore plus loin les valeurs et les principes qui la sous-tendent. Aujourd’hui, l’éducation populaire permet aux habitantes et aux habitants de donner du sens à ce qu’ils vivent, d’analyser les difficultés qu’elles et ils subissent, de devenir force de proposition, et de créer ainsi un mouvement d’entraînement au profit du quartier. Combien de militants syndicalistes, associatifs ou politiques se sont ainsi initiés à la vie démocratique en s’engageant dans la gouvernance de leurs équipements.

Elle est un lieu d’élaboration d’une société de paix. Luttant contre toutes formes de discrimination, d’isolement, de communautarisme, elle a participé à l’élaboration du dialogue entre les cultures, quand l’éducation dite nationale, elle, avait et a toujours en partie, l’acculturation, l’assimilation, comme paradigme. Elle est l’école du développement solidaire et se donne pour but la transformation de la société et de son environnement. Lieu de lutte contre les discriminations, elle permet à chacune et à chacun d’être soi parmi et avec les autres.

En conclusion, l’éducation ce n’est pas du spectaculaire. C’est un processus, c’est du temps. Mais en renforçant encore davantage son soutien aux équipements d’éducation populaire dans les quartiers, la Majorité offre à ses jeunesses une alternative à l’économie parallèle et aux violences qu’elle entraîne, et, plus globalement, aux Brestoises et Brestois, des moyens supplémentaires pour réfléchir ensemble sur le développement d’une société plus durable, inclusive et apaisée.

Intervention du groupe des élu·e·s UDB à la Ville de Brest,

Conseil Municipal du 03.02.2022

Fragan Valentin-Leméni

Partagez
Tweetez
Envoyez