Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président,
Nous tenons tout d’abord à souligner le travail mené par votre exécutif sur cette négociation CPER. Nous savons que dans cette France centralisée, il est plus que difficile d’obtenir gain de cause contre l’État et vous avez su arracher des avancées. Aussi, nous aimerions que vous preniez les critiques qui vont suivre non pas comme une attaque contre votre travail, mais comme une lassitude de voir les institutions françaises aussi sclérosées.
7 min c’est franchement court donc il faut choisir un angle. Nous voulons surtout souligner à quel point les relations Etat-Région sont déséquilibrées. Budgétairement, la Région Bretagne ne saurait oublier que votre prédécesseur Jean-Yves Le Drian a pris à notre charge le financement de la ligne LGV qui aurait du être celle de l’État. 1 milliard d’euros, soit quasiment une année budgétaire complète.
Nous ne referons pas l’histoire. Ceci dit, quand Michael Quernez nous dit en commission que « les lignes fines sont les grandes gagnantes de ce CPER », nous ne partageons pas cet enthousiasme. Quand il s’est agit de mettre sur la table 1 milliard d’euros, l’État dont c’était la compétence a trouvé cela normal. Aujourd’hui, que nous propose l’État sur ces lignes fines ? Des études ! Et des sommes pas à la hauteur des enjeux. Certes, grâce à l’amendement « lignes fines » porté par mon collègue Loic Le Hir en notre nom, nous avons réussi à créer un petit rapport de force politique, vous l’avez admis M. Le Vice-Président. Mais les besoins sont urgents et l’État ne le comprend pas, n’est pas prêt à mettre sérieusement la main au porte-feuille. 1 milliard d’un côté, 35 millions de l’autre. Il paraît que comparaison n’est pas raison, mais quand même… (petit clin d’œil Tristan!)
La démographie en Bretagne est très dynamique (ce qui n’est pas le cas de toutes les Régions). En conséquence, les besoins ferroviaires seront de plus en plus criants. Pour la plupart des lignes, nous en serons alors à « l’étape des études » ! Nous ne pouvons que nous réjouir de voir les avancées sur la ligne Auray-Quiberon, mais elle ne garantira toujours pas une circulation à l’année. Envisager une ligne Rennes-Fougères serait nécessaire, mais la Première Ministre l’a dit : « pas de lignes nouvelles » dans ce mandat. Quant à la relance d’une ligne Auray-St Brieuc (ou disons d’une transversale centrale), c’est un serpent de mer dont nous avons l’impression que même vous n’y croyez pas ! Son importance ne saura probablement comprise qu’au moment où les besoins de mobilité exploseront en centre-Bretagne. Les problèmes de logement sur les littoraux poussent les Bretonnes et les Bretons dans les terres, mais l’Etat continue de négliger les déplacements ferroviaires sur ces tronçons considérant que l’important est toujours de rendre « accessible » la Bretagne, « en lien avec sa géographie périphérique ».
Nous le répéterons encore et encore jusqu’à ce que le propos rentre : la Bretagne n’est « périphérique » que d’un point de vue parisien. Qu’importe à un habitant de Pontivy de pouvoir se rendre à Paris s’il ne peut déjà pas se rendre à Lorient en train.
Je laisse la parole à ma collègue Aziliz Gouez