Douarnenez. Non aux caméras de vidéoprotection

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Intervention de Maxime Touzé, conseiller municipal UDB lors du conseil municipal du jeudi 30 mars 2023 à Douarnenez.

Tout d’abord vous dire que nous sommes pour des caméras. Nous sommes pour des caméras au sein du conseil municipal ! C’est ce que nous demandons depuis le début du mandat. Le conseil du 2 mars sur les enjeux climatiques avec Jean Jouzel a été un succès. La possibilité d’assister en direct de chez soi ou bien de pouvoir revoir ensuite le conseil est un exercice démocratique que nous saluons. Pour cela nous considérons donc qu’il faille investir dans du matériel et dans la formation d’agents. Nous convenons du fait que cela a un coût, et la prestation du 2 mars était d’un certain coût, mais plutôt que de payer des caméras de vidéoprotection nous pourrions investir cet argent pour des caméras en conseil.

Ensuite, et vous l’aurez compris, nous sommes contre les caméras de vidéoprotection. Tout d’abord à cause du coût pour notre collectivité : 120 000 € ce n’est pas négligeable surtout cette année où le budget est contraint comme vous nous l’avez expliqué en début de conseil. On a besoin d’investir ailleurs, dans l’isolation des bâtiments publics par exemple. Ensuite je rajouterai que dans votre commentaire préliminaire vous évoquez le tag du monument aux morts qui n’est « pas passé » et qui aurait été finalement l’élément déclencheur. Je suis d’accord avec vous pour dire que cette action est inadmissible et totalement condamnable. Mais alors, pourquoi ne pas prévoir de caméra devant le monument aux morts ?

Nous sommes contre également parce que la vidéoprotection n’est pas efficace. La ville de Concarneau a installé il y a un peu plus d’an le même système que vous nous proposez d’installer : 22 caméras pour un coût de 186 000 €. Ils se trouvent qu’ils ont fait le bilan hier : seulement 6 utilisations dans des affaires de petites délinquances. Le bilan est plus que mitigé pour un coût élevé, auquel s’ajoute selon eux 10 000 € de fonctionnement.

Mais si vous voulez un élément plus probant sur l’efficacité de la vidéoprotection, il faut demander aux gendarmes eux-mêmes. En septembre 2021, la Gendarmerie Nationale de l’Isère menait une enquête inédite pour évaluer la vidéoprotection sur les quatre dernières années. Le résumé d’une quinzaine de pages de l’« Évaluation de la contribution de la vidéoprotection de voie publique à l’élucidation des enquêtes judiciaires » est assez clair. Je vous en livre seulement les conclusions :

  • Les enregistrements de vidéoprotection contribuent à la résolution d’enquête judiciaire, en apportant des indices ou des preuves, mais dans des proportions particulièrement ténues (environ 1 % des enquêtes étudiées).
  • Les indices et preuves issues des enregistrements de vidéoprotection se révèlent trop mesurés pour influencer globalement le niveau d’élucidation judiciaire sur un territoire, peu importe la configuration ou la thématique étudiée.
  • Malgré un plébiscite dans les discours, les enquêteurs ne semblent pas véritablement consacrer les enregistrements de vidéoprotection comme une ressource incontournable dans leur travail d’investigation au quotidien.

Ensuite nous sommes contre parce que le travail de la police municipal est efficace. Pour autant que nous avons pu en juger lors de la dernière commission Proximité-sécurité nous n’avons pas vu d’augmentation de la petite délinquance à Douarnenez, ni des cambriolages, ni des squats, etc. La police municipale fait son travail. Dans cette commission, l’exemple de l’agression du Carrefour Express à la mi-février avait été évoqué comme une justification. Un mois et demi après l’auteur des faits était condamné à 4 ans de prison. Sans caméra de vidéoprotection.

Je rajoute que nous n’avons pas eu de rapport de la Gendarmerie ou des Pompiers à l’étude.

Enfin nous sommes contre car de futurs engrenages à venir sont prévisibles.

Tout d’abord sur le nombre de caméras : n’y aura-t-il pas une inflation des demandes ? On a déjà vu que c’était le cas à Tréboul. Si je reprend l’exemple de Concarneau encore, la mairie a annoncé vouloir en ajouter de nouvelles pour répondre aux demandes des citoyens.

Autre possibilité d’engrenage c’est l’extension vers la vidéo-surveillance : avec les JO 2024 l’État a la volonté de développer en France les caméras dites « intelligentes » qui devineraient des gestes dangereux ou des attitudes suspectes. L’État s’appuiera sur les réseaux de caméras existant pour faire avancer sa démarche.

Pour terminer nous sommes surpris de ne pas avoir apparaître l’expression de « sentiment d’insécurité » dans la délibération alors qu’il a été largement évoqué lors de la commission pour justifier la mise en place de la vidéoprotection.

C’est important d’y répondre, on ne peut pas le nier ou le balayer d’un revers de la main. Nous considérons que c’est de notre ressort d’agir sur ce sentiment. Dans notre programme nous proposions la mise en place d’éducateurs de rue. L’idée est finalement de traiter les problèmes à la source plutôt que les symptômes. Car les caméras ne feront que déplacer les problèmes.

Pour toutes ces raisons, vous l’aurez compris, nous voterons contre cette délibération.

Maxime Touzé, conseiller municipal UDB et Douarnenez Terre citoyenne

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