Groupe Lorient en Commun
Monsieur le Maire, mes chers et chères collègues,
Notre groupe ne peut qu’approuver cette décision courageuse de permettre, durant 4 mois, aux enfants dont les familles viennent d’ailleurs et sont sans ressource de bénéficier de la cantine gratuite à l’école et aux centres de loisirs. Nous ne parlons pas ici de « clandestins », mais bien de personnes en attente de papiers qui ne peuvent donc ni travailler, ni bien souvent se loger convenablement. Comment pourraient ils alors payer un repas si ce n’est en étant exploités au noir par une poignée de patrons malhonnêtes ou en faisant la manche ? Pour ceux qui ont du mal à comprendre cela, je vous conseille de visionner le film Riff-Raff de Ken Loach. Il date de 1991, mais reste extrêmement d’actualité…
Si la crise humanitaire en Ukraine a permis de prendre conscience de l’horreur de la situation des immigrés, déracinés, exilés de chez eux, alors elle aura eu au moins un effet bénéfique ! Lors de la commission « éducation », Mme Christien nous a donné le nombre de familles concernées par ce dispositif en 2022 à ce jour : 3 ! Nous la remercions pour cette information précieuse, loin d’être anodine à l’heure où les discours ambiants parlent de « submersion migratoire ». Deux familles ukrainiennes et une famille afghane, pas de quoi ruiner la Ville de Lorient donc en accordant à leurs enfants la gratuité plutôt qu’un ticket à 89 cts.
Cependant, je me permets d’attirer votre attention sur les autres. Comment font les femmes et les hommes étrangers et seuls quand ils ne rentrent dans aucune case ? Je veux illustrer mon propos par du concret. Quasiment au pied de chez moi, dans le quartier de Kerentrech, vit un Afghan en attente de papiers. Il dormait jusqu’à présent dans une cour d’immeuble et ne mangeait pas tous les jours. Un ami bistrotier et sa compagne ont pris sur eux de l’aider et se sont rendus compte de l’extrême complexité de la tâche. Durant des jours, ils ont fait le tour des associations concernées, pris contact avec la mairie, appelé la préfecture, mais personne n’a pu loger ce jeune garçon, renvoyé de mains en mains comme une patate chaude. Je tiens à souligner ici la responsabilité de l’État qui ne fait pas son travail. L’accueil des réfugiés est en effet une compétence exclusive de l’État et il laisse les collectivités territoriales, les mairies et surtout la générosité des habitants locaux se débrouiller avec des personnes dont le parcours nécessite souvent une prise en charge aussi bien psychologique que matérielle. Comme pour les sans-domiciles, on ne peut concevoir une réinsertion sans un horizon dégagé, sans un toit sur sa tête et un repas dans le ventre.
Ma question est donc la suivante : comment la mairie peut-elle venir en aide à ce genre de personnes ? Ce n’est pas la première fois qu’une telle situation arrive et malgré mon statut d’élu, je suis bien en peine pour aider les gens qui me sollicitent. Il y aurait, d’après notre groupe, matière pour notre conseil municipal à interpeller l’État a minima. À vrai dire, je suis lassé d’entendre « ce n’est pas de notre compétence ». Et je pose la question : qui est en charge de la compétente « humanité » ?
Je vous remercie.