Intervention de Pierre-Emmanuel Marais élu à Nantes pour le groupe UDB

Partagez
Tweetez
Envoyez

Photo de Franck Tomps / LVAN

Pour les 10 ans de l’inauguration du mémorial de l’abolition de l’esclavage

Madame le Maire, chers collègues,

– 30 ans après l’exposition « les anneaux de la mémoire », 10 ans après l’inauguration du mémorial d’abolition de l’esclavage, la délibération présentée par Olivier Chateau marque les ambitions de notre majorité en matière de politique mémorielle. Politique mémorielle qu’il faut bien comprendre comme éducation à la citoyenneté, s’inscrivant dans le combat contre le racisme et les discriminations.

– Le 21 mai 2001, la Loi Taubira reconnaissait solennellement l’esclavage et la traite comme crimes contre l’humanité.

C’était une étape importante. Pas une fin.

– Car ce combat est un combat qu’il faut sans cesse mener, ne jamais abandonner. A ce titre, il n’est pas inutile de rappeler ce que fut la traite négrière à Nantes et dans d’autres ports européens. Cette déportation de masse a duré plusieurs siècles et des êtres humains, à cause de leur couleur de peau, ont été réduit à l’état de marchandise. Au final, plus de 4000 expéditions négrières ont été organisées en France, dont plus de 1700, soit plus du tiers, au départ de Nantes. Entre le 17e siècle et le 19e siècle, plus de 500 000 esclaves ont embarqué à bord de navires nantais.

– Aussi, cette année, au travers d’une série d’expositions et d’actions culturelles, Nantes partagera à nouveau les heures les plus sombres de son passé, partagera une histoire qui a aussi été celle d’un système colonial dont les supposés bienfaits restent encore à démontrer.

– Ces crimes se sont un cadre légal, le Code noir de 1685 notamment qui ravalait les esclaves au rang de « biens meubles ». Un exemplaire du code noir est d’ailleurs présenté dans l’exposition « L’abîme » au château des ducs de Bretagne.

– Aussi, il nous semble important de rappeler que ces expositions, ces commémorations sont nécessaires. Ce passé, s’il n’est pas interrogé, s’il n’est pas mis en partage, continuera à faire le lit de violences et discriminations. Il ne s’agit pas de repentance. Il ne s’agit pas non plus d’opposer les mémoires ou les souffrances. Il s’agit de donner à ce devoir de mémoire, un cadre, des lieux, des moments.

– Et si l’esclavage a disparu en France la haine, le mépris, le racisme, sont eux, toujours là.  Et comme l’écrivait Lucie Aubrac : « Le racisme est la pire plaie de l’humanité. Il triomphe quand on laisse le fascisme prendre le pouvoir ». Les 30% d’intentions de vote à la Présidentielles pour des figures d’extrême-droite nous le rappelle. Le retour de la guerre en Europe aussi.

– En conclusion, et en faisant un léger pas de côté,

Mme la Maire,

Parce que le devoir de mémoire se porte collectivement,

Parce qu’il est fort probable que beaucoup de marins ayant servis sur les navires négriers parlaient breton,

En tant que brittophone, je profite de cette délibération pour porter aujourd’hui, au nom du groupe UDB, la demande que soit ajoutée sur les plaques de verre du Mémorial, la traduction du mot Liberté en breton, au même titre que les autres langues inscrites.

En breton, Liberté se dit Frankiz.

Je vous remercie de votre attention.

 

Partagez
Tweetez
Envoyez