Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président,
Il est clair qu’avec ce bordereau, la demande de TER est prise en compte sur ce tronçon sud. En commission et à l’instant en session, Michael Quernez nous a annoncé que le travail était en cours sur le tronçon nord et c’est une excellente nouvelle. La clef du succès pour des trains du quotidien est en effet d’améliorer l’offre : des trains qui s’arrêtent en gare et des trains réguliers. L’objectif de cadencement à 30 minutes en heures de pointe nous convient. Elle est plus réaliste que la proposition de RER du Président de la République qui, en bon monarque, non seulement se substitue aux collectivités territoriales, mais nous propose ses idées – bonne en ce qui concerne celle-ci – mais sans les financer…
21 circulations supplémentaires journalières, dans le contexte de raréfaction des ressources financières, c’est un bel effort de votre part que nous saluons. En ajoutant l’atelier technique à Quimper gagné dans le cadre du CPER et les rames commandées, on peut espérer améliorer considérablement la qualité de l’offre en Bretagne Sud. Or, c’est ainsi que nous offrirons une opportunité de choix, une vraie, aux automobilistes pour qu’ils troquent leur voiture contre le train. J’ai apprécié pour ma part le slogan du président : « lâcher la deuxième voiture ». C’est justement ce que j’ai coutume de dire à Lorient car cela me paraît un objectif politique réaliste et compréhensible !
La désaturation de la RN165 est un autre objectif atteignable avec le concours des collectivités territoriales. A titre d’exemple (et je constate que ma collègue Gaelle Le Stradic partage ce constat) : il est clair que la gare d’Hennebont est un des nœuds qui nous permettrait de réduire les embouteillages dans le pays de Lorient. Une fois les cadencements mis en place, il faudra commencer à travailler les tarifs car 5€ pour faire Gestel-Lorient ou Lorient-Hennebont, c’est trop. Je livre ici une idée à la volée : pourquoi ne pas permettre, par exemple, des tarifs au prix d’un ticket de bus dans le périmètre des agglomérations ? Quitte à réserver un wagon debout ? 7 min entre la gare de Lorient et d’Hennebont, c’est bien plus rapide que n’importe quel bus ou voiture… je mesure cependant toute la complexité de la mise en place, mais l’idée est lancée !
Vous nous permettrez quelques remarques de fond malgré notre enthousiasme :
D’abord, attention à ne pas trop saucissonner les lignes pour éviter les trop nombreuses ruptures de charge pour celles et ceux qui ont besoin de faire de plus longs trajets. Le besoin en TER direct Quimper-Rennes et Quimper-Nantes existe aussi.
Je cite volontairement le Quimper-Nantes pour que nous ayons une attention particulière sur la connexion avec la Loire-Atlantique ! On ne peut pas, régulièrement, voter des vœux en faveur de la réunification administrative de notre pays et en parallèle réduire les liaisons, ni parler de « conurbation » en Bretagne Sud sans évoquer ni Nantes, ni Saint Nazaire. Malgré les avancées technologiques, rappelons qu’il n’y a pas de « sens de l’histoire » : on mettait moins de temps à se rendre à Saint-Nazaire en train depuis Vannes au début du XXe siècle qu’aujourd’hui ! N’empirons pas ce triste constat. La partition administrative dessert les habitants, aussi bien en Région Bretagne qu’en Loire-Atlantique. Les frontières ne sont pas les cartes mentales, ce sont bien les administrations… faisons-les coller aux réalités quotidiennes en matière ferroviaire !
Dernier point de vigilance : nous comprenons aisément la logique du Conseil régional qui cherche à faire participer les collectivités territoriales. Notre budget n’est pas extensible et notre groupe a très souvent raillé sa faiblesse pour démontrer à quel point il fallait justement décentraliser, rendre la Bretagne autonome. Un accord a été trouvé avec les collectivités territoriales de Bretagne sud (du moins administratives), un autre est en cours avec la Bretagne nord. Mais à ce jeu-là, pensez-vous qu’une ligne nord-sud a une réelle chance de voir le jour ? Si les collectivités du Centre-Bretagne ne peuvent pas payer ou cofinancer, ne condamnons-nous pas la desserte de la Bretagne intérieure ? Il y a là, selon nous, un problème de logique d’aménagement et un risque de manquement à la solidarité territoriale qu’essaye de porter notre collectivité.
Le pragmatisme des réseaux actuels doit être mis en perspective avec les enjeux géographiques et démographiques de la Bretagne. Et il nous semble qu’à terme, Monsieur le Vice-Président, c’est bien une boucle ferroviaire qu’il nous faudra imaginer pour la Bretagne. Cela nécessitera un jour ou l’autre de travailler sérieusement les transversales, aussi bien Landerneau-Quimper que Rennes-Nantes, mais aussi Auray-St Brieuc ou même Rosporden-Guingamp. On a l’habitude de penser que la rupture est Ouest-Est en Bretagne, mais en matière de mobilités, elle est définitivement Nord-Sud.
Ces remarques faites, nous voterons pour ce bordereau.