L’Etat doit inclure la promotion du patrimoine matériel et immatériel dans sa définition du développement durable
Ce rapport d’activité et de développement durable 2020dresse finalement les résultats du recensement des actions, menées au travers des délégations et des services, pouvant correspondre à un cahier des charges réglementaires imposéaux collectivités de + de 50 000 habitants par l’Etat central.Or, l’UDB s’étonne qu’au sein de la liste des 17 objectifs retenus pour promouvoir un développement durable de la société, la promotion du patrimoine culturel est la grande absente. Bien sûr, il s’agit d’un cahier des charges qui correspond à une déclinaison française d’objectifs définis par l’ONU, mais la France aurait pu faire le choix politique de les dépasser. Le patrimoine fait pourtant, en l’essence, partie intégrante de la définition d’un développement durable. L’environnement, que ce modèle se donne pour objectif de protéger, n’est pas que naturel, il est également culturel. Et quand nous pensons patrimoine, nous le pensons matériel et immatériel, le premier étant la trace dans le paysage du second. Peut-on imaginer qu’une société puisse durablement se développer, si elle ne préserve, ne transmet et n’enrichit pas ses patrimoines ?
Nous parlons volontairement de promotion et non pas de la seule préservation, notion presque muséologique qui enferme la culture, et donc la pensée, dans un folklorefigé. Le Patrimoine est vivant. Ancien et contemporain, il est en constante transformation. Il nourrit et se nourrit du dialogue entre les cultures et donc entre les composantes de la société, pour co-construire une identité plurielle que chacune et chacun, ancien ou nouvel habitant, pourra s’approprier puisque participant à son élaboration, à sa définition. Dans une société en mal d’identité, il est donc bien un élément central de son développement durable.
Intervenante : Béatrice Le Bel
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Programme de tranquillité et de sécurité urbaine – Convention de renforcement de la sécurité Etat / Ville de Brest
Nous n’avons déjà que trop subi les subterfuges d’un Etatfrançais qui, en dévoyant le concept de décentralisation, cherche à se décharger de certaines compétences, sans en confier les moyens financiers associés. Pour les libéraux, l’objectif est toujours le même : faire des économies sur le dos des collectivités territoriales. A cette rouerie déjà ancienne, le gouvernement actuel, dont le jacobinisme n’est plus à démontrer, ajoute le chantage. Et, contrairement à ce qui a pu avoir lieu dans d’autres territoires, à travers les termes négociés dans cette convention, au chantage, Mr le Maire, vous n’avez pas cédé. Cette convention confirme la conception que nous défendons de la répartition des compétences respectives en matière de sécurité. Si la prévention d’un côté, et l’accompagnement des victimes et la réinsertion des détenus de l’autre, sont en partie menéspar la Ville, l’élucidation, le jugement et la sanction doivent demeurer du ressort de l’Etat. Ce n’est en rien paradoxale que des fédéralistes défendent cette distribution des missions. L’UDB fait reposer son projet institutionnel sur la notion de subsidiarité qui consiste à confier une compétence et les moyens idoines à l’échelon institutionnel qui sera le plus pertinentpour la mener à bien. La police, la justice et la prison ne peuvent être communales.
Ainsi dans ce contrat, à travers le Plan alcool, la lutte contre le harcèlement, la création de la brigade de tranquillité, ou encore le renforcement du nombre de médiateurs, mais aussi, la mise en place du lieu d’accueil des victimes, la Ville ne fait que confirmer despropositions pour lesquelles la majorité en place a été élue. Quelle cohérence y aurait-il si L’UDB, composante de cette même majorité, s’opposait aujourd’hui au programme qu’elle s’est engagée à mettre en place ?
Quant aux mesures prévues par l’Etat, le déploiement des caméras de vidéo-protection sur l’espace public, que cette délibération nous propose d’autoriser, ne nous enchante évidemment pas. Rappelons que l’Etat qui en possède aujourd’hui le plus sur son territoire est la République totalitaire de Chine. Cette mesure souhaitée par le gouvernement questionne le respect de nos libertés fondamentales. Et l’UDB sera vigilante à ce que ces dernières, étayées par la CNIL, soient respectées, ici à Brest :
- Des pictogrammes compréhensibles pour tout public devront indiquer la présence de chaque caméra, comme c’est déjà aujourd’hui le cas pour celles installées sur la ligne de tramway.
- Les images ne pourront pas être conservéesau-delà d’un mois, sauf en cas de procédure en cours bien sûr. Leur effacement devra pouvoir être vérifié par les habitantes et les habitants.
- La Ville devra informer les Brestoises et Brestois de leurs droits à travers ses supports de communication, à commencer par Sillage et le site internet de la Collectivité.
Ces systèmes de vidéo-protection ont déjà partout montré leur inefficience, ne permettant l’élucidation que de 1 à 3 % des enquêtes. Aujourd’hui, il en existe déjà des centaines sur l’espace publique brestois. Le déploiement de 17 nouvelles caméras n’est donc qu’une mesure démagogique, d’un gouvernement qui, à l’approche des élections, court après sa droite, quand la droite court après Zemmour. Une part importante de la criminalité sur Brest est due au trafic de stupéfiants. Les dealers n’auront qu’à éviter ou vandaliser les caméras pour poursuivre leurs activités. Contre le narcotrafic et les violences associées seule la légalisation du cannabis aura un impact réel. Ces systèmes sécuritaires déjà en place dans toutes les autres métropoles de France et de Bretagne, n’ont d’ailleurs pas freiné l’augmentationde la délinquance. L’Etat doit régler le problème, oui, mais c’est à la justice qu’ildoit donner les moyens et les ressources pour mener sa mission, ainsi qu’à la formation des policières et policiers – nationaux–afin de leur permettre de gagner en compétences et de modifier ainsileur image aujourd’hui dégradée auprès de nombreux Françaises et Français.
A ce jour, cette convention prévoit que l’Etat, qui doit vraisemblablement avoir de l’argent des contribuables à perdre, fasse le gaspillage de l’installation, du fonctionnement et de l’entretien de ce système. Mais les Bretonnes et les Bretons en ont fait l’expérience depuis des siècles, l’Etat français n’est pas toujours un partenaire fiable.L’Union Démocratique Bretonne aura donc une vigilance toute particulière à ce qu’il ne se décharge pas du financement de cette mesure auprès de la Collectivité, à moyen ou long terme.
Intervenant : Fragan VALENTIN-LEMENI
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Pour mettre fin aux discriminations liée aux genres, plus de demi-mesures ; pour les élu.e.s UDB, il faut une révolution culturelle !
La forme de ce rapportsur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes,imposée par l’Etat centralà travers la Loi du 4 août 2014 aux EPCI de plus de 20 000 habitants, n’est pas acceptable pour les autonomistes, puisqu’elle est elle-même discriminatoire. En conservant le concept désuet, binaire et donc inadapté « d’égalité entre les femmes hommes », elle assigne et essentialise les personnes à leur identité génétiqueen excluant les minorités de genres, bien plus diverses, contre toute réalité sociétale contemporaine. En nommant l’axe 5 « Eradiquer les violences liées au sexe » plutôt qu’au genre, elle exclut les politiques de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Et en déclarant à travers l’axe 4 « Eliminer les stéréotypes liés au genre » sans permettre d’y développer les politiques menéescontre les préjugés subis par les personnes LGBT+, elle devient à son tour créatrice de stéréotypes.
Ainsi, en n’autorisant pas la Collectivité à mettre en lumière à travers cette communication les politiques qu’elle mène dans la lutte contre les discriminations subies par les minorités de genres,l’Etat fait subir aux personnes LGBT+, ce que les femmes ont subi et continue de subir au quotidien : l’invisibilité. Or nous le savons, concernant tous les groupes sociaux minorisés, l’invisibilité renforce la vulnérabilité.C’est le rôle des gauches que de dénoncer ces oublis, c’est la définition des gauches que d’être les porte-voix des invisibles, étape nécessaire à toute émancipation.
Sur le contenu lui-même de ce rapport, nous avions noté depuis plusieurs années les progrès réalisés grâce à la dynamique menée par la Ville de Brest dans le champ de l’égalité entre les femmes et les hommes face à l’emploi au sein de la Collectivité. Ainsi un effort de féminisation du recrutement depuis 2013, avait permis d’aller vers davantage d’équilibre au sein des agents titulaires. La filière technique ou des sports en étaient exemplaires. Mais aujourd’hui même ceschiffres stagnent, quand les autres reflètent une situation quicontinue d’empirer, à l’instar de la culture.Et cette aggravation générale concerne en premier lieules emplois de contractuels, qui sont les plus précaires, et ce en particulier au sein des catégories C.
Finalement la situation au sein de la Collectivité n’est que le reflet d’inégalités sociales et sociétales générales qui se creusent. Et on ne peut certainement pas rendre la Villeresponsablede cette dégradation en son sein. La discrimination positive qui donnerait la priorité à telle ou telle postulante en fonction de leur genren’est pas une solution acceptable pour l’UDB. Ce critère priverait l’employée de la légitimité de sa progression pour ses seules compétences, qui doivent en république, demeuraient l’unique critère de sélection.
Le combat est à mener bien plus en amont durecrutement, et c’est également à ce titre que l’UDB préfère invoquer égalité de genres plutôt que femme-homme, car cette situation est du ressort des représentations culturellesprofondément enracinées depuis toujours dans notre société, et qui nous imprègnent dès le plus jeune âge. Le conditionnement des femmes comme des hommes impacteles vocations et les ambitions. D’ailleurs, si la Collectivité comporte aujourd’hui 51 femmes responsables de services pour 39 hommes (écart qui tend à se réduire),le rapport s’inverse et s’aggrave même dès que l’on atteint les plus hauts postes de direction et direction-adjoint. Nous savons qu’elles sont moins nombreuses à y postuler. Mais cette réalité n’est certainement pas due à une différence de compétence, mais relève peut-être chez certaines d’un sentiment de manque de légitimité ou bien d’une conscience de responsabilités familiales dont les hommes s’encombrent moins, pour certains encore.
La crise a encore aggravé les violences subies par les femmes et les minorités de genre, et l’heure n’est plus à la demi-mesure. Sans tomber dans l’extrémisme de certains mouvements associatifs ou personnalités politiques qui, pour lutter contre cesdiscriminations en créent d’autres, la situation ne changera pas sans une révolution culturelle. Et celle-ci doit commencer par le langage, performatif de la pensée. Nous ne devons plus tolérer que le masculin domine le français comme le breton. Si le patrimoine se veut générique, le matrimoine pourrait l’être tout autant. L’écriture inclusive doit devenir la règle, nous n’entendons pas par-là l’usage du « …e.s » inaccessible aux personnes dyslexiques, mais le l’emploi successif des deux genres « Brestoises / Brestois »alternant avec le recours à des noms épicènes. Sur ce symbole, la Collectivité peut devenir exemplaire.
Les violences faites aux femmes et aux personnes LGBT, qu’ellessoient physiques,notamment sexuelles, verbales, professionnelles,sont toujours culturelles, la sociétéles banalise voire pour certaines les normalise depuis des siècles. L’UDB réclament que la formation des hommes comme des femmes, dès le plus jeunes à travers l’éducation nationale et populaire,mais aussi des adultes arrivés dans le monde du travail,devienne partout obligatoire. Chacune et chacun pourra ainsi prendre conscience et comprendre, identifier et décrypter, pour refuser et lutter contre tout acte de domination.Il convient également d’insister l’intersectionnalité qui renforcede façon exponentielle les discriminations : les chiffres explosent dès que l’on considère la situation les femmeslesbiennes ou transgenres,des femmes en situation de handicap, des femmes précaires, des femmes d’origine étrangère ou supposées comme telles.
Mais très matériellement, l’émancipation passe par l’indépendance économique. Dans le monde du travail, l’égalité face à l’emploi et la progressions des carrières n’aboutira pas tant que l’employeur associera la travailleuse à une mère potentielle et pour cela, le groupe des élu.e.s UDB soutient l’imposition du congé paternel.
Intervenant : Fragan VALENTIN-LEMENI