Le couple Département-Etat
La tentative opportuniste du Front national de s’approprier l’identité bretonne, esquissée aux élections régionales, n’aura pas duré plus d’un an après le scrutin. Marine Le Pen vient d’annoncer son intention de supprimer les régions. Alors que les Bretons sont particulièrement attachés à leur identité collective, alors que des dizaines de milliers d’entre eux se sont mobilisés pour la réunification de la Bretagne durant la pseudo-réforme territoriale, l’extrême-droite abat ses cartes: la Bretagne, elle n’en veut pas. Ni d’aucune autre région d’ailleurs. Seule la France, monolithique, a droit de cité à ses yeux.
Elle propose donc de revenir au vieux système jacobin: entre les départements et l’État, rien. Aucun contre-pouvoir à celui de l’Etat. Pour l’UDB, s’il y a une institution à supprimer, ce serait plutôt le département, devenu obsolète. En Bretagne, l’idéal serait de fusionner les cinq départements avec le Conseil régional pour former une Assemblée unique. Il fut un temps, pas si lointain, où l’actuel ministre de la justice s’était même approprié l’idée…
Conforter le centralisme
La volonté du FN de conserver les départements et de supprimer les régions n’a qu’un vrai objectif: conforter le centralisme et le jacobinisme, dont les départements sont, il faut s’en souvenir, les créatures. Continuer à tout décider, tout concentrer, à Paris. C’est un véritable retour aux années 50 que nous propose Marine Le Pen. Les Bretons savent quelles conséquences a eu dans l’histoire l’absence d’une représentation politique de la Bretagne: marasme économique, chômage, émigration, perte de la culture et de la langue.
Les déclarations de Marine Le Pen interviennent peu après ceux de Gilbert Collard sur les crêpiers, indignes selon lui de bénéficier de formations professionnelles. L’extrême-droite a décidément un problème avec la Bretagne ! Souvenons-nous aussi des attaques de Marine Le Pen comme de son père contre le bilinguisme français-breton, qui montrent bien qu’il n’y a pas de place pour la culture et les langues de Bretagne dans la France que la famille Le Pen et ses affidés imaginent!
Le projet du FN pour la Bretagne est donc très clair : la faire disparaître, du point de vue culturel, économique, institutionnel. A quelques mois des élections présidentielles et législatives, les Bretons sont prévenus. Pour notre part, nous défendons un projet à l’exact opposé du sien, un projet qui vise à faire exister pleinement la Bretagne et son peuple dans la République, en Europe et dans le monde.