Débat d’orientations générales à la Ville de Nantes :
Conseil municipal
2 Avril 2021
Madame La Maire, Mes chers collègues,
Après les débats en Conseil Métropolitain de Février 2021, c’est une bonne chose que notre Ville puisse – dans le cadre des travaux de la Métropole – exprimer sa volonté et ses choix politiques sur le Règlement Local de Publicité métropolitain (RLPm). Il en va à la fois du respect de nos engagements portés lors de la campagne des municipales et de celui de la démocratie.
Loin d’être anecdotique, la place de la publicité et des enseignes dans notre ville nous interroge sur la protection de notre cadre de vie, ainsi que sur sur la qualité paysagère et urbanistique que nous souhaitons. En plus de ces objectifs, inscrits dans la réglementation nationale, nous portons – à Nantes – une volonté forte et des positions qui se veulent les plus contraignantes possibles.
Mais revenons tout d’abord sur une question fondamentale : pourquoi cette démarche particulièrement proactive et coercitive ?
Aujourd’hui, même si 70% du territoire métropolitain est en zone non-agglomérée, là où toute publicité est interdite, près de 1.000 dispositifs publicitaires existent sur des domaines privés ou ferroviaires (avec 10% d’entre eux en infraction). L’accumulation parfois anarchique de panneaux sur les axes routiers en entrée d’agglomération ou dans les zones commerciales participe à un certain enlaidissement de la ville. Comme le rappelait en 2010 Télérama dans son célèbre article “Comment la France est devenue moche ?”, le phénomène de périurbanisation – avec sa cohorte de rond-points et de panneaux publicitaires – est intimement mêlé à la consommation des terres naturelles et au développement automobile.
Alors, certes, la restriction de la publicité ne va pas remodeler la forme de la ville d’un coup de baguette magique. Mais cela contribuera à réévaluer notre regard sur ces territoires, souvent en 1ère ou en 2ème couronne. Comment ? En les requalifiant, dans un souci de cohérence intercommunale, et en ne les considérant plus uniquement comme des zones de passage, mais comme des lieux de vie à part entière, surtout quand de l’habitat existe déjà.
Comme le rappellent Eric Hamelin et Olivier Razemon dans leur ouvrage “La tentation du bitume”, “l’artificialisation se poursuit désormais au rythme d’un département tous les sept ans. […] Partout, la même trilogie – infrastructures routières, zones commerciales, lotissements – concourt à l’étalement urbain le plus spectaculaire d’Europe”.
Pour nous, à Nantes, le fait urbain doit être circonscrit par l’arrêt de l’artificialisation des terres. L’alternative est donc la densification équilibrée des quartiers, mais celle-ci ne pourra être acceptée et vertueuse que si nous agissons concrètement à l’amélioration du cadre de vie.
Notre réflexion sur la publicité va dans ce sens : avec la limitation des surfaces et de la densité publicitaire, avec une forte réduction des panneaux numériques ou encore avec le renforcement des plages horaires d’extinction des dispositifs lumineux.
Outre ces enjeux paysagers et urbanistiques, le groupe UDB demande – comme l’association RAP – la reconnaissance de la liberté de (non)-réception comme corollaire de la liberté d’expression. La pollution visuelle et la sur-sollicitation des personnes via des messages publicitaires, accélérée notamment par le numérique, sont problématiques et ont un impact fort sur la psychologie de certaines populations, entre autres chez les plus jeunes.
Comme le souligne RAP, “chaque personne reçoit en moyenne entre 500 et 3 000 messages publicitaires par jour”. L’enjeu pour nous, en tant que collectivité, est d’inverser cette logique en modulant les règles, et en sanctuarisant de nouvelles zones où la publicité serait interdite (aux abords des monuments historiques ou des établissements éducatifs, par exemple).
Vous l’aurez compris, le but ici est d’encadrer et de limiter encore plus la présence de messages publicitaires. Au-delà de ces enjeux, c’est la protection de notre patrimoine, de notre qualité paysagère et notre cadre de vie en général (dans ses dimensions sociales et environnementales) que nous pouvons améliorer, à travers ce règlement. Le groupe UDB votera donc cette délibération.
En vous remerciant.
Aurélien Boulé, élu UDB (Union Démocratique Bretonne)
Conseiller municipal et métropolitain / Kuzulier-kêr ha kumuniezh