Réponse de Laure Le Maréchal et Tifenn Siret à Guillaume Auffret sur la langue bretonne

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Tribune écrite et transférée le 6 avril au Télégramme suite à une autre tribune de Guillaume Auffret, conseiller municipal de Vannes.

Dans Le Télégramme du 30 mars 2021, Monsieur Guillaume Auffret, conseiller municipal La République en marche de Vannes, publiait une tribune sur la situation de la langue bretonne et les conditions de son avenir. Cette contribution paraissait quelques jours après une manifestation qui avait rassemblé 5 000 personnes à Quimper… et quelques jours avant l’examen en seconde lecture à l’Assemblée nationale de la proposition de loi Molac relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion.

Le jeudi 8 avril 2021 pourrait devenir un jour mémorable dans l’histoire de la République française. En effet, la proposition de loi portée par Paul Molac, qui a déjà fait l’objet d’un vote favorable du Sénat le 10 décembre dernier, pourrait devenir le premier instrument juridique de protection des langues régionales en France depuis la loi Deixonne de… 1951. Pour cela, les députés devront voter à l’identique le texte déjà adopté par les sénateurs.

Face à une perspective aussi enthousiasmante, M. Auffret a préféré s’attacher à minimiser la responsabilité des politiques séculaires de la République française dans la situation de la langue bretonne, pour appeler la Région Bretagne à consacrer beaucoup plus de moyens à sa transmission, condition de sa sauvegarde comme langue de communication. Pourtant, tout démontre que dans un État aussi centralisé que la France, la responsabilité du pouvoir central est majeure.

La comparaison avec le Pays de Galles et le Pays basque espagnol (Euskadi) que M. Auffret a choisi de faire, ne tient pas. Au Pays de Galles comme au Pays basque espagnol, qui sont deux régions dotées d’un statut particulier d’autonomie, l’organisation générale de l’éducation est une compétence régionale. Et ces deux régions autonomes ont à leur disposition des budgets en conséquence. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le Pays de Galles et le Pays basque espagnol disposent respectivement d’un budget par habitant de 7360 et 5360 euros, quand celui de la Région Bretagne plafonne à 460 euros, près de cinq fois inférieur à celui de Rennes métropole ! Le budget dont l’Assemblée du Pays de Galles dispose dans le seul secteur de l’éducation s’établit à 1060 euros par habitant. Mettre en équation le Pays de Galles ou le Pays basque espagnol et la Région Bretagne, c’est comme comparer des équipes sportives qui évoluent en coupe d’Europe et un club de division régionale.

Faut-il le rappeler ? En matière d’éducation, la Région Bretagne n’a de compétence que sur les murs des lycées, leur équipement et les personnels techniques qui assurent leur maintenance, elle n’en a aucune sur la formation des enseignants et l’ouverture des postes, pas plus que sur le contenu des programmes, pas même leur adaptation aux réalités culturelles et sociales de la Bretagne. Certes, nous avons lu sous la plume de M. Auffret que « si l’État n’est pas à la hauteur, alors il doit passer la main, financièrement et techniquement, aux régions », mais le propos n’a pas valeur d’engagement. Nous attendons donc des amis politiques de M. Auffret, qui gouvernent la France depuis 2017, qu’ils annoncent sans attendre l’ouverture d’un processus de négociation avec la Bretagne pour l’obtention des moyens dont disposent le Pays de Galles et le Pays basque espagnol.

Dans l’immédiat, en tant qu’élues bretonnes mais aussi mères d’enfants scolarisés dans des écoles bilingues ou immersives et citoyennes engagées dans plusieurs associations de promotion du breton, nous attendons de tous les députés de Bretagne qu’ils se prononcent le 8 avril par un vote clair en faveur de la langue bretonne, ce qui veut dire une adoption de la proposition de loi Molac conforme à son retour du Sénat.

Laure Le Maréchal et Tifenn Siret, conseillères municipales (Union démocratique bretonne) d’Hennebont

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