Texte issu de la discussion de politique générale du Bureau Politique de l’Union démocratique bretonne le 10 février 2019
L’actualité de ces dernières semaines reste monopolisée par les gilets jaunes. Pour la première fois, la majorité s’est fissurée à l’Assemblée Nationale sur la loi sur la sécurité. 50 députés LREM se sont en effet abstenus en première lecture. L’UDB ne se fait aucune illusion sur le fait que cette loi passera au bout du compte. Elle sera néanmoins vigilante sur la deuxième lecture et sur l’interprétation qu’en fera le Conseil Constitutionnel puisque cette loi (que l’on peut mettre en parallèle avec la loi Peyrefitte dans les années 70) est clairement une remise en cause du droit de manifester.
Pour se sortir du bourbier, le Président de la République essaye de reprendre la main par l’intermédiaire d’un « Grand Débat », sans rien céder sur le fond. Aujourd’hui, preuve est donnée que cet exercice dit « démocratique » est un enfumage. Médiapart a dévoilé que Chantal Jouanno a refusé le poste qui lui était proposé par le gouvernement parce que ce dernier refusait les conditions d’un véritable débat. L’UDB n’est donc pas dupe, mais propose malgré tout d’y participer comme caisse de résonance de nos idées. Les gilets jaunes parlent beaucoup du pouvoir d’achat et l’UDB ne peut qu’entendre cette revendication. Elle est d’autant plus importante que le gouvernement s’attaque aux plus faibles, notamment du fait de la réforme de l’assurance-chômage. Plus de contrôle et des critères plus stricts sont en effet demandés pour justifier le refus d’une offre avec à la clef un renforcement des sanctions. En moyenne, en Bretagne, les salaires sont très proches du SMIC. Cependant, l’UDB s’étonne que personne ne dénonce la prévalence du capital sur le travail. Pour l’UDB, le pouvoir d’achat est certes une question primordiale, mais le parti rappelle que l’économie productiviste n’est pas durable. Il note d’ailleurs l’abandon de toute ambition écologique du gouvernement, en témoigne l’interdiction du glyphosate remise en cause. Ce sera donc une promesse non tenue de la part d’Emmanuel Macron.
De son côté, le Premier Ministre Édouard Philippe est venu à Rennes et Nantes pour faire signer le « pacte d’accessibilité » et le « pacte d’avenir ». L’UDB se félicite que Loïg Chesnais-Girard, le président de la Région Bretagne, a fait de la langue bretonne et notamment du problème de financement de Diwan un élément de blocage pour signer ces « pactes ». Le résultat ne s’est pas fait attendre : 300 000 € ont été mis sur la table. C’est une bouffée d’oxygène appréciable pour le réseau même si ce n’est pas une réponse structurante, ni durable. Sur le volet transport, l’UDB déplore le manque d’ambition du Conseil régional de Bretagne qui accepte le fait accompli décidé par l’État qui consiste à relier les grandes villes à Paris plutôt que de relier les villes bretonnes entre elles. Engagée dans la défense des lignes secondaires, l’UDB se félicite que la ligne Rennes-Châteaubriant semble sauvée. Il reste encore beaucoup d’autres lignes à maintenir ou à relancer. L’UDB félicite à ce titre sa branche jeunes qui a marché plus de 25 kilomètres pour la ligne Morlaix-Roscoff le 9 février.
Autre sujet d’actualité, la loi « école » et la réforme du lycée inquiète l’UDB. Le gouvernement prévoit moins d’enseignement général dans les lycées techniques et réduit globalement les effectifs. La mise en concurrence des matières crée une situation de tension chez les enseignants qui vont devoir développer une argumentation pour attirer des élèves. Le néo-libéralisme étend sa toile dans l’enseignement et l’UDB s’y oppose. L’UDB note que le forfait scolaire pourrait être rendu obligatoire ce qui permettrait au réseau Diwan d’assurer son fonctionnement. À ce propos, le parti se félicite de la décision de créer un collège Diwan à Guipry-Messac. Quelques questions restent en suspens notamment celle de l’internat qui n’arriverait qu’en 2023.
En matière de politique internationale enfin, on ne peut que constater l’indigence des positions françaises. L’absence de critique du gouvernement sur l’État turc est à blâmer. Si le président Erdogan décidait d’attaquer le Rojava suite au départ des troupes américaines, les prisonniers de l’État islamique pourraient être libérés. De fait, le gouvernement se creuse les méninges pour savoir que faire des prisonniers. L’UDB rappelle qu’on manque de familles d’accueil pour les enfants et que cette question devrait intéresser très concrètement le gouvernement. L’UDB dénonce le suivisme français sur la position américaine à propos du Vénézuela. Il ne s’agit pas de dire si le gouvernement vénézuélien est positif ou non, mais pourquoi un tel acharnement d’Emmanuel Macron contre ce régime particulièrement ? Rien sur la Turquie, la Chine, l’Égypte ou l’Arabie Saoudite ? Cette ingérence est honteuse et la France est la risée du monde entier. Le gouvernement français est aussi absent pour dénoncer le sort des prisonniers politiques catalans dont le procès démarre cette semaine. Le droit de voter va être jugé dans un État qui n’a jamais vraiment fait le deuil de Franco. La solidarité entre États prime sur les valeurs que l’Union européenne souhaite mettre en avant. Enfin, l’UDB continue de s’inquiéter des avancées ou plutôt des non-avancées du Brexit. Or, pour la Bretagne, les conséquences économiques seront importantes. L’UDB garde aussi un œil sur la situation en Irlande. De manière générale, l’UDB déplore que l’Union européenne se délite du fait de raisonnements égoïstes.