Sur la réunification administrative de la Bretagne
Toutes les questions que vous vous posez sur la réunification administrative de la Loire-Atlantique avec la Région Bretagne méritent réponses. L’Union démocratique bretonne a listé les principales et tente de rassurer ceux qui pourraient craindre cette réunification.
Historiquement, il est très facile de démontrer le contraire. La ville de Nantes abrite non seulement le château des Ducs de Bretagne, mais également le cœur de la dernière Duchesse, Anne de Bretagne. Même si l’histoire bretonne de la ville est minorée, notamment sur le site de la mairie, tous les historiens sérieux admettent que Nantes a été la capitale du Duché de Bretagne à partir de 1213, par la volonté du Duc de Bretagne Pierre 1er. Mais l’Histoire bretonne de ce qui deviendra bien plus tard la Loire-Atlantique démarre avec le premier roi de Bretagne, Nominoë en 842. En 890, Alain Le Grand, comte de Nantes, devient roi de Bretagne et succède à Erispoë et Salomon. Nantes n’est pas la seule ville concernée par la Bretagne : Clisson fut au Moyen-Âge une place forte du duché, de même que Guérande ou Châteaubriant. De son côté, le marais de Brière avait même été donné aux Briérons par Anne de Bretagne.
Drôle d’argument que celui qui consiste à dire qu’on pourrait changer d’identité en changeant les frontières administratives. Toutes proportions gardées, durant la Seconde Guerre Mondiale, quand la France était occupée, ses habitants ne sont pas devenus allemands pour autant ! La Loire-Inférieure (ex Loire-Atlantique) a été rattachée à la région des Pays de la Loire par l’État par décret, en 1955. Auparavant, bien que la Bretagne n’existait plus administrativement parlant depuis la Révolution française, la Loire-Atlantique continuait d’être tournée vers le reste de la Bretagne et travaillait de concert avec les autres départements.
On ne devient pas Breton en vivant en Bretagne. On devient Breton en le décidant. Comme le disait l’écrivain nantais Morvan Lebesque : « à chacun l’âge venu, la découverte ou l’ignorance ». Que vous vous sentiez Breton ou non importe peu, ce qui compte, c’est l’envie de la population en Bretagne de « faire société », quelque soit l’identité qui est la leur. On peut être Breton et/ou Français, Kurde, Arabe ou Kabyle et vivre en Bretagne. L’UDB milite pour ceux qui vivent en Bretagne, quelque soit l’identité qu’ils revendiquent.
Aujourd’hui, d’après une étude TMO commandée par la Région Bretagne, 207000 personnes sont capables de s’exprimer en breton sur une population totale, Loire-Atlantique comprise, de plus de 4,5 millions de personnes. En Loire-Atlantique, on estime ce chiffre à environ 7000 personnes. Autant dire que vous n’êtes pas les seuls à ne pas savoir parler breton ! En apprenant l’anglais, vous ne devenez pas anglais ; en apprenant breton, on ne devient pas breton pour autant. A l’inverse, la langue bretonne n’est pas la condition d’être Breton. Encore une fois, pour être Breton, il faut avant tout le décider. L’apprentissage du breton est également un choix qui regarde chacun.
Non ! Réunifier la Bretagne, c’est uniquement faire coïncider l’administration avec le sentiment d’appartenance. Si la Loire-Atlantique retrouve son giron historique, aucun mirador ne sera installé, aucun barbelé, pas de champs de mine, ni de barrières administratives. Réunifier la Bretagne, c’est reconnaître implicitement l’existence d’une minorité nationale en France, mais cela n’a rien à voir avec la création d’un État Breton.
La réunification de la Bretagne, c’est la victoire de la volonté populaire sur la technocratie. Aujourd’hui, les régions administratives sont décidées depuis Paris, sur un coin de table dans un cabinet ministériel. Depuis que la région Pays de la Loire existe, une partie de la population souhaite pouvoir se tourner vers l’ouest et donc la mer plutôt que vers Paris. Aujourd’hui, les métropoles de Nantes et de Rennes servent la centralisation française car elles se développent sans contrôle, sans lien avec leur espace géographique. Elles ne sont pas au service d’un territoire, mais d’elles-mêmes. Bien que situé entre le pays de Rennes et celui de Nantes, le pays de Châteaubriant, par exemple, est l’un des plus pauvres de Bretagne. Réunifier la Bretagne permettrait de redistribuer plus équitablement les richesses. Nous proposons pour cela la fusion de la région Bretagne et des cinq départements dans une collectivité unique.
La réunification de la Bretagne ne se justifie pas qu’historiquement. C’est bien un projet d’avenir que nous souhaitons ensemble. La Bretagne est reconnue dans le monde entier et partout dans le monde, on sait que Nantes en fait partie. Les pays de la Loire sont une région administrative sans épaisseur, fade, un puzzle de départements qui ne travaillent pas ensemble, qui n’ont rien en commun. C’est justement pour nous projeter dans l’avenir que nous désirons que la Loire-Atlantique réintègre son giron historique.
La question de la capitale est celle qui intéresse le plus la population. Nous pensons pourtant que ce n’est pas un problème. Une capitale doit théoriquement servir le territoire qui est le sien. Or, aujourd’hui, ni la métropoles de Rennes, ni celle de Nantes ne travaillent pour leurs régions respectives. En cherchant à se développer pour elles-mêmes, ces deux villes font le jeu de la centralisation française. Nous prônons un système tripartite où Rennes serait la capitale administrative, Nantes la capitale économique et Brest la capitale maritime. Nous refusons la domination d’une ville sur un territoire et seule une Assemblée de Bretagne peut permettre un rééquilibrage, au profit aussi des villes moyennes. Selon nous, la métropole, c’est la Bretagne elle-même. Celle-ci est riche de la diversité de ses villes.
Aujourd’hui, nombreux sont les étudiants nantais à venir de la région Bretagne. A l’inverse, de nombreux étudiants en Bretagne n’en sont pas originaires. Si la Bretagne est réunifiée, les universités ne seront pas réservées aux Bretons. Le principe même de l’université est d’être universel. Aussi, les étudiants qui y suivent des cours seront retenus par les universités en fonction de leur profil et non selon leur origine.
Au contraire ! La Loire-Atlantique a beau être un département riche, le fait d’appartenir à une région administrative non reconnue et sans consistance la dessert. D’ores et déjà, de nombreuses entreprises bretonnes ont fait le choix de communiquer sur l’image de la Bretagne pour se développer. Qu’il s’agisse d’entreprises d’agroalimentaire, de service, de tourisme, la Bretagne s’exporte. L’appellation « Pays de la Loire » dessert l’ensemble des départements qui la composent car tout le monde connaît la Vendée, la Sarthe, la Mayenne et l’Anjou, mais personne ne se revendique « ligérien ». C’est une identité factice, administrative, qui n’a rien de porteuse.
Lors de la réforme territoriale de 2014, le gouvernement avait pour objectif de donner aux régions françaises « une taille européenne ». C’est un mensonge honteux. Aujourd’hui en Europe, le poids économique et politique ne dépend aucunement de la taille. Certains Etats européens sont en effet plus petits que la Bretagne et certaines « régions » sont extrêmement petites et pourtant très identifiées. C’est la cohérence qui compte. La Bretagne est une réalité politique et sociologique. Elle est aussi une réalité économique. De son côté, la Vendée est une région en elle-même. En ce qui concerne le Maine-et-Loire, la Mayenne et la Sarthe, ils envisageaient il y a peu de se réunir en un seul département pour justement contrebalancer le poids démographique et économique de la Loire-Atlantique. La région Centre-Val de Loire pourrait, si ces départements le souhaitent, les intégrer pour devenir une région Val de Loire puissante et disposant d’une réalité historique évidente.
Le Grand Ouest est, comme son nom l’indique, une création de Paris. On est toujours à l’ouest de quelque chose. Diviser la France en point cardinaux, c’est accepter la centralisation et refuser la diversité des territoires. Qui plus est, ce projet technocratique n’a pas été un franc succès en ce qui concerne le « Grand Est ». L’Alsace a en effet refusé de disparaître et vient de retrouver son existence après quelques mois invisible. Mais plutôt que de revenir sur une mauvaise décision, le gouvernement d’Edouard Philippe a rajouté une strate au mille-feuilles institutionnel en créant une collectivité d’Alsace au sein de la Région Grand Est. Une vraie usine à gaz ! Le Grand Ouest est un projet hors sol dont personne ne veut, à part certains élus par ambition opportuniste.
De nouveaux abonnements seront proposés et, bien évidemment, les forfaits pourront être transrégionaux. Le TER sert le déplacement domicile-travail et il est évident par exemple que, même réunifiée, Nantes sera toujours une ville qui concentre l’emploi. Aussi, il est normal que la ville puisse accueillir les vendéens ou angevins. Les lignes de train ne disparaîtront pas, ni les emplois !
Il y a encore quelques années, la Loire-Atlantique appartenait à l’académie de Rennes. Depuis, les académies ont été calquées sur les administrations. Si la Bretagne est réunifiée, les titulaires ne perdront pas leur poste. De même, il serait logique que les mutations se fassent sur le département de résidence ou sur les départements limitrophes. Et quand on habite Pornichet, il est sûrement plus logique de travailler à Vannes qu’au Mans.
Sur le statut de résident
Le statut de résident est un dispositif prôné par l’UDB pour lutter contre la prolifération de résidences secondaires, notamment sur le littoral. Loin d’être une lubie nationaliste, il est au contraire un outil indispensable pour réguler le marché immobilier. Le statut de résident consiste, pour l’UDB, à autoriser l’achat d’un bien immobilier seulement si on peut justifier d’un an de résidence.
Oui, le statut de résident serait une perte de liberté pour les gens qui peuvent payer 500 000 euros une maison qu’ils occuperont quelques semaines par an. Mais c’est au contraire un gain de liberté d’accès au marché du logement pour ceux qui vivent de revenus normaux dans le pays.
Non. Il se fonde uniquement sur le principe de résidence, non sur les origines, la religion, la langue, la couleur de peau, etc. Pour maintenir son caractère civique et non-discriminatoire, il importe d’éviter autant que possible les dérogations, qui mineraient la légitimité d’ensemble en permettant des contournements pour certaines catégories de population.
Non. Il serait toujours possible de venir vivre en Bretagne pour quelqu’un venant de Paris, de Berlin ou de Ouagadougou. Simplement, il faudra attendre un certain temps (par exemple un an) avant d’acheter, ce qui pour un futur résident permanent n’est pas forcément une mauvaise affaire, car le temps ainsi passé en location permet de se faire une meilleure idée de la situation locale avant d’acheter.
En effet, dans les pays où le statut s’appliquerait, les prix baisseraient certainement puisque la demande serait réduite. C’est d’ailleurs l’objectif. Certains vendeurs trouveraient cela injuste. S’ils comptent racheter dans le périmètre, il n’y aura pas vraiment de problème car la perte de valeur du bien à la vente sera compensée par la baisse du prix du nouveau logement acheté. Si en revanche ils comptent racheter ailleurs, ou faire autre chose du produit de la vente, ils pourront effectivement éprouver un sentiment d’injustice. Dans le cas des achats purement spéculatifs, ce ne sera qu’un juste retour des choses. En revanche de nombreuses situations individuelles pourraient justifier des compensations aux vendeurs durant les premières années d’application. Pour éviter de grever les comptes publiques, ces compensations pourraient être financée par la surtaxe progressive et ciblée déjà décrite plus haut.
Il y aura plus d’emploi et plus de dynamisme avec des habitants à l’année, même s’ils sont moins riches. Le littoral breton présente des opportunités d’emploi multiples qui ne se limitent pas au tourisme. Le statut de résident n’interdirait d’ailleurs pas la venue desdits touristes, mais protégerait simplement les habitants contre l’envolée des prix immobiliers qui accompagne généralement la monoactivité touristique. La monoactivité touristique empêche l’émergence d’autres activités du fait de conflit d’usages.
Pour les mêmes raisons qu’il serait difficile de faire respecter des taux maximums : le respect de la liberté individuelle. Par ailleurs l’impossibilité de disposer d’une résidence secondaire poserait des problèmes pratiques. La vie professionnelle, par exemple, impose parfois de s’éloigner un certain temps de son domicile (par exemple de passer quelques nuits dans une autre ville, pendant un certain temps), et louer un appartement sur place revient à pratiquer la résidence secondaire. De multiples autres raisons légitimes peuvent être imaginées ou constatées, comme par exemple celle des logements reçus par héritage. On peut certes imaginer une interdiction générale comprenant des exceptions, mais cela reviendrait à examiner la légitimité de chaque situation individuelle, selon un processus vraisemblablement intrusif et arbitraire.
Les résidents principaux qui remplaceraient les résidents secondaires auraient certainement besoin d’effectuer aussi des travaux, et leur présence à l’année, plutôt qu’occasionnel, serait une source d’activité plus pérenne pour l’économie locale.